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1940 - 1944
Chroniques d'occupation


8 juillet 1940

Jour 20
 

 

Le départ du train pour Rennes est avancé de cinq minutes.

 

Il partira aujourd'hui à 11 h. 30 (au lieu de 11 h. 35) et sera semi-direct (ne s'arrêtant plus aux petites stations) jusqu'à Rennes où il arrivera à 19 h. 40.

 

De Rennes, les voyageurs pourront prendre le lendemain matin

à 7 h. 52 un train arrivant à Paris-Montparnasse à 19 heures.

 

Ce train est réservé aux voyageurs payants et n'est pas accessible aux réfugiés munis de bons de transport.

Ils ont encore, pour quelques jours, à leur disposition le train partant le matin à 6 h. 55 pour les départements désignés antérieurement.

Un service spécial sera organisé incessamment a l'intention des réfugiés regagnant la région parisienne.

 

Nous n'avons pas encore l'horaire pour le trajet Paris-Rennes.

 

Le train partant de Rennes à 7 h. 24 arrivera à partir d'aujourd'hui à 15 h. 38 à Brest, (au lieu de 14 h. 11).

Il sera semi-direct.

 

Sur Quimper, pas de changements.

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Un nouveau train Brest-Morlaix - Morlaix-Brest

 

Un nouveau train est mis en service aujourd'hui pour Morlaix.

 

Il quittera Brest à 17 h. 50 pour arriver à Morlaix à 19 h. 45

 

Le même train partant de Morlaix à 7 h. 12 et arrivant à Brest à 8 h. 58, permettra aux voyageurs venant de Morlaix de passer la journée à Brest.

 

Un train partira de Morlaix le matin à 6 h. 30 pour arriver à Saint-Brieuc à 9 h. 50 et de Saint-Brieuc à 16 h. 30 pour arriver à Morlaix à 19 h. 45.

 

À lire sur Retro29 : 1940 - La gare de Brest pendant l’Occupation : Cliquer ici

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Je vous ai adressé, le 7 Juin dernier, des instructions en vue de la distribution par vos soins aux consommateurs, à partir du 1er juillet courant, de la feuille de coupons afférente au 2e semestre 1940, destinée à être insérée dans la carte individuelle d'alimentation.

 

Le sucre continuera au mois de juillet à être livré aux consommateurs contre présentation du coupon n° 2 du mois correspondant.

 

La ration mensuelle est maintenue uniformément à 750 grammes par consommateur.

 

Par ailleurs, j'ai pris les dispositions nécessaires pour assurer, dans toute la mesure possible, le réapprovisionnement en sucre des épiciers grossistes du département.

 

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D'autre part, certaines mairies n'ont pu être réapprovisionnées en feuilles de coupons du 2e semestre 1940.

 

J'ai, par suite, fait imprimer des feuilles de coupons, qui seront adressées très prochainement aux mairies intéressées par les soins de M. l'intendant militaire à Quimper.

 

Exceptionnellement, ces feuilles de coupons ont été imprimées en rouge sur fond blanc ;

elles portent la mention:

« Département du Finistère. Modèle spécial pour le 2e semestre 1940 ».

 

Par suite, pour chacun des mois du 2e semestre 1940, le sucre sera livré aux consommateurs contre présentation:

 

Soit du coupon n° 2 de couleur saumon déjà détenu par certaines communes ;

Soit du coupon n° 2 de couleur blanche imprimé en rouge, dont vous allez être, si besoin est, approvisionné par le service de l'intendance.

 

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Enfin, je vous rappelle que, dans ma circulaire du 26 mai 1940, je vous avais prié de délivrer mensuellement aux hôteliers, restaurateurs, pâtissiers, crêpières, etc., des bons spéciaux de réapprovisionnement en sucre, en vous basant sur la consommation moyenne du mois précédent ou du mois correspondant des deux années antérieures, lorsque le commerce ou l'industrie considérés présente un caractère saisonnier.

 

Or, certaines mairies ont délivré à des commerçants, notamment à des débitants de boissons, des bons portant sur des quantités manifestement exagérées et sans rapport avec les besoins réels des intéressés.

 

Il est indispensable de mettre immédiatement un terme aux abus qui ont été constatés.

 

Je vous recommande, par suite, expressément, de limiter strictement aux besoins réels des commerçants en cause, le montant des bons de réapprovisionnement que vous serez appelés à leur remettre mensuellement.

 

Après qu'ils auront servi ces bons, les épiciers grossistes les récapituleront sur des bordeaux spéciaux qu'ils devront, en vue de leur réapprovisionnement, adresser avec les bons aux raffineries après l'expiration de chaque mois.

 

Ils devront de même faire parvenir aux raffineries les états modèle n° 11 récapitulés sur un état modèle 12 bis.

 

Je vous prie de bien vouloir porter, de toute urgence, ces instructions à la connaissance de vos administrés et des épiciers grossistes et détaillants de votre commune et en assurer l'exécution en ce qui vous concerne.

 

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J'ajoute que les demandes de réapprovisionnement en feuilles de coupons et autres imprimés nécessaires au fonctionnement du service de !a carte d'alimentation devront désormais être adressées par vous à M. l'intendant militaire (service de la carte d'alimentation, rue Théodore Le Hars. à Quimper, téléphone 11-06).

 

Le préfet, ANGELI.

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Le ministre de l'Agriculture prescrit aux commandants de cantonnements la mise à la disposition des agriculteurs du personnel, des animaux et des véhicules automobiles nécessaires.

 

Pour bénéficier de ce concours les agriculteurs doivent faire connaître d'urgence leurs besoins au maire de leur commune.

 

Toute diligence sera faite par les commandants des troupes stationnées pour que les besoins exprimés reçoivent entière satisfaction dans le délai exprimé.

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La place de la femme est au foyer ; sa carrière normale est le mariage.

 

Certes, en principe, on ne saurait mieux dire.

Malheureusement, en pratique, ce principe devient souvent un idéal dont on a raison de conserver la nostalgie, auquel on doit toujours se proposer de revenir dès que les circonstances le permettront.

Mais il y a ces fameuses « circonstances ».

 

En temps de guerre, la population masculine quitte en grand nombre les emplois civils qu'elle occupe habituellement.

Certaines tâches se trouvent ainsi complètement interrompues ;

on n'imagine point que la femme du médecin aille visiter et soigner les malades à la place de son mari.

La femme du cultivateur ou du commerçant pourra — et devra — continuer un peu la culture et tenir le magasin ouvert.

Leur objectera-t-on que la place de la femme est uniquement au foyer ?

Que la femme doit uniquement s'occuper d'élever ses enfants ?

Pour élever ses enfants, il faut commencer par gagner leur pain ;

quand le mari n'est plus là pour le faire, il faut bien que la femme sorte de son foyer purement familial.

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Ce n'est point-là l'application d'un féminisme agressif et hargneux ;

c'est une triste nécessité.

Notez qu'en l'espèce la femme du cultivateur et celle du commerçant se trouvent fort avantagées par rapport à la femme du médecin, dont je parlais tout à l'heure, qui ne peut en aucune façon prolonger l'activité rémunératrice de son mari et qui, de ce fait, va peut-être tomber dans la misère.

 

Après les guerres, la population masculine a diminué en nombre.

Quantité d'emplois civils n'ont plus de titulaires.

On ne trouvera pas toujours d'hommes pour les remplir, même en faisant appel à de très jeunes gens ou à des sexagénaires, épargnés par les événements.

Alors, voici une raison nouvelle qui se présente pour que nombre de femmes entrent à l'usine, à l'atelier, au bureau, au magasin, alors que « sans la guerre », leur carrière normale eût été le mariage.

 

Une autre raison de pure statistique s'y ajoute :

Chaque fois qu'un soldat est tué à la guerre, il y a, dans son pays, une femme qui ne trouvera pas de mari et qui devra, pour subsister, au lieu de compter sur l'aide masculine, s'aider elle-même.

 

Ne voyons donc pas « à priori » des féministes revendicatrices et antipathiques dans ces femmes qui veulent travailler.

Elles n'ont cure de théories ni de programmes ;

leur attitude n'est point dictée par des considérations philosophiques.

Avant la philosophie, il y a la vie, et, avant les théories, les circonstances.

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