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1940

Brest en 1900

8 sur 18

 

 

Source : La Dépêche de Brest 13 décembre 1940

 

De juin à fin septembre, il y a retraite militaire, tous les samedis, à 8 h. 30 du soir, par la musique, les tambours et clairons du 19e ou par la fanfare de l'infanterie de marine.

 

Le rassemblement a lieu chaque fois : place du Champ-de-Bataille, place des Portes, place du Château ou place de l'Harteloire.

Dans les rues, il y a foule, pour voir passer la retraite, suivie d'une jeunesse bruyante qui l'accompagne jusqu'à la rentrée dans les casernes de Fautras ou du Château.

 

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Et nous arrivons au 14 Juillet.

Le programme des réjouissances ne varie guère, mais il est rehaussé, cette année, par le lancement du croiseur-cuirassé Marseillaise.

 

La fête nationale débute la veille par la traditionnelle retraite aux flambeaux.

Les rues de Siam et de Paris présentent, à 9 heures, l'aspect le plus animé, sous les innombrables drapeaux qui flottent à presque toutes les fenêtres.

 

Aperçue au loin, dans le flamboiement rougeâtre des flammes de bengale, à la lueur des torches, au milieu du fouillis de drapeaux tricolores et de lanternes vénitiennes multicolores, la retraite en marche, venant de Saint-Martin, offre le coup d'œil le plus pittoresque.

Elle s'arrête devant le n° 54 de la rue de Paris, demeure de M. Berger, maire de Brest, dont les fenêtres sont illuminées, et, après un long parcours dans les rues de la ville, la dislocation a lieu caserne Fautras, sous une pluie battante.

C'était un vendredi 13.

 

Le lendemain, le ciel s'est éclairci, et le 14 Juillet, favorisé par un temps splendide, revêt un extraordinaire éclat.

 

La revue des troupes, placées sous le commandement du général Chevallier, de la 2e brigade d'infanterie de marine, est passée par le vice-amiral Barrera, préfet maritime.

L'amiral arrive à 9 heures, par la rue d'Aiguillon, avec les contre-amiraux Le Borgne de Kérambosquer, major général ;

Valéry, chef d'état-major du 2e arrondissement ;

Réveillère, les généraux Larnac, Benoist et leurs aides de camp, escortés par un peloton de gendarmes maritimes.

 

Avant la revue, l'amiral remet au colonel Septans le drapeau du 2S régiment de garnison, de formation récente ;

puis a lieu un brillant défilé.

La foule applaudit au passage des troupes et redouble ses bravos pour les mousses de la Bretagne, dont le succès a été très vif, avec leurs fifres et leurs pièces d'artillerie qu'ils traînent à bras.

 

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L'après-midi, sous un soleil radieux, on assiste à un lâcher de pigeons du colombier militaire et du Messager brestois, aux jeux organisés place du Château et à un brillant concert du 19e, sur le cours Dajot.

On refuse du monde à la représentation gratuite donnée au grand théâtre par la troupe du Théâtre nantais, qui joue :

Carnot ou l'organisateur de la victoire, et à celle du cirque Bureau.

 

Le soir, tout Brest se rend place de la Liberté, pour assister à un superbe feu d'artifice, et la foule se répand dans les différents quartiers de la ville pour voir les illuminations.

 

Près de 20.000 personnes sont venues dans l'arsenal, sur les hauteurs plongeantes de l'hôpital maritime, de Fautras et du Salou, assister au lancement de la Marseillaise.

 

Le temps est idéal.

Une brise caressante fait frisonner les drapeaux, enroulant voluptueusement l'étamine tricolore des hampes.

Les tribunes sont archicombles.

Trois heures et demie...

Le canot blanc du préfet maritime, étoilé d'or, accoste en une brillante figuration d'uniformes.

C'est le commencement de la cérémonie.

 

Mgr Dubillard, évêque de Quimper, appuyé sur sa crosse qui scintille, s'avance avec une solennité grave.

Il fait le tour du navire et, d'un beau geste, le bénit.

 

Le prélat monte à l'autel d'une chapelle improvisée, près du bâtiment, et, rythmé par des voix de jeunesse, le Domine salvam fac rempublicam s'élève comme un murmure lointain que soutient la musique des équipages de la flotte.

 

Le moment solennel approche.

MM, Trogneux, ingénieur en chef, et Vuillerme, ingénieur de 1ère classe, qui a été chargé de la construction de la Marseillaise, surveillent les dernières opérations.

Un roulement de tambour et, une à tribord, l'autre à bâbord, tombent deux par deux les dernières accores.

 

M. Albaret, directeur des constructions navales, vient demander au préfet maritime la permission de larguer tout.

Sous la pression du verrin hydraulique placé à l'avant, un déplacement de l'énorme masse, d'abord à peine sensible, se produit, puis le mouvement s'accentue, se précipite, les bosses cassent successivement, les câbles se tendent en un effort désespéré.

 

Au bruit des applaudissements se mêlant aux notes triomphantes de la Marseillaise, dans le flottement des drapeaux déployés, le nouveau-né fait son entrée dans l'eau.

La Marseillaise est entrée dans l'Histoire.

 

(À suivre.)

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