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1940

Brest en 1900

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Source : La Dépêche de Brest 12 décembre 1940

 

Vendredi-Saint.

Les bâtiments sur rade, en signe de deuil, se préparent, comme de coutume, à hisser leur pavillon à mi-mât et à mettre leurs vergues en pantenne ;

La Bretagne doit tirer un coup de canon toutes les demi-heures.

 

Or, dans la matinée, arrive un télégramme chiffré de M. de Lanessan, ministre de la Marine, adressé dans tous les ports de guerre.

Il ordonne de supprimer toute manifestation religieuse à bord des bâtiments et établissements de la marine.

 

L'amiral Barrera rédige immédiatement un ordre préfectoral annulant celui qui concerne les dispositions à prendre à l'occasion du Vendredi-Saint.

 

Vendredi-Saint, dans le port de commerce, tous les navires ont gardé leur pavillon, en berne.

 

Pâques — 15 avril — est le premier dimanche ensoleillé de la saison.

On étrenne les complets neufs, les toilettes d'été et les canotiers.

 

Le lundi, il y a grande affluence dans notre ville.

De tout l'arrondissement, on vient faire des achats place de la Liberté et place Sadi-Carnot.

La louée annuelle des domestiques, place des Portes, est très animée.

 

Le port de guerre reçoit de nombreux visiteurs, qui admirent l’Iéna et le Suffren, en achèvement ;

la Marseillaise, sur le point d'être lancée, ainsi que les bâtiments de l'escadre du Nord, en réparations dans l'arsenal.

 

En ville, ce sont les grandes fêtes de Recouvrance, avec mâts de cocagne, baquets russes, tourniquets ; ils sont pris d'assaut par les amateurs et divertissent la foule.

Les « Yanniks » s'en donnent à cœur joie.

On danse sous les halles, et les infatigables couples font des valses, des polkas et des scottischs jusqu'à 6 heures du soir, en attendant l'ouverture du bal, salle de Venise, qui ne prendra fin qu'à 2 heures du matin.

 

Juin nous apporte le concours hippique, le grand « event » de la saison.

Il se déroule pendant cinq jours, place de la Liberté, sur l’emplacement de notre théâtre provisoire, et l'enceinte, décorée de guirlandes, de trophées de drapeaux et d'oriflammes, présente, sur un fonds de verdure, le coup d'œil le plus pittoresque.

 

Les dernières épreuves ont lieu l'après-midi du dimanche.

C'est le grand jour.

Le temps est splendide, les tribunes sont archibondées.

Tout Brest est là.

Un essaim de jolies femmes, en délicieuses toilettes d'été, rivalisent d'élégance et de bon goût.

 

Les personnalités officielles sont reçues par les membres du comité :

MM. Paul Breton, le docteur Anner, Émile de Kerros, Benoit, Constant Le Jeune et Charles Bonamy.

 

Aux premiers rangs des tribunes, on remarque :

MM. le vice-amiral et Mme Barrera ;

le vice-amiral Ménard, commandant l'escadre du Nord ;

Berger, maire de Brest ;

le contre-amiral de Kérambosquer ;

le général Larnac ;

Verne, sous-préfet ;

les colonels Rickebusch, du 19e ;

Clamorgan, du 2e d'infanterie de marine, et Henry, commandant les brigades d'artillerie ;

le lieutenant-colonel Bertin, du 6e d'Infanterie de marine ;

le commandant Borel de Brétizel, chef d'état-major de l'escadre du Nord ;

Deschard. commissaire général ;

Pitel, consul des États-Unis ;

Perrussel, procureur de la République ;

Venoux, juge au tribunal civil ;

le docteur Allain, conseiller général ;

Henri Steff, président des « Amis du Colonne », etc.

 

La direction des représentations lyriques des fêtes du concours hippique a été confiée à M. Melchissédec fils, dont la compagnie du théâtre royal de Gard vient interpréter sur notre scène :

Les Huguenots, L'Africaine, La Bohême et La femme de Claude, d'Albert Cohen ( sic), qui sont jouées pour la première fois à Brest.

 

M. Melchissédec nous présente une troupe homogène, d'où se détachent quelques étoiles de première grandeur.

Les soirées sont très brillantes, mais le spectacle n'est pas seulement sur la scène, il est aussi dans la salle.

 

Dans les loges, aux fauteuils d'orchestre et stalles de balcon, c'est un parterre de reines, de jolies petites reines d'une élégance exquise, en l'envolement de leurs batistes mousseuses, dans le froufroutement léger de leurs soies changeantes.

 

(À suivre)

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