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1937

Une visite aux services de l'habillement
de l'Intendance maritime

- article 4 sur 4 -


 

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Source : La Dépêche de Brest 18 avril 1937

 

L’atelier de Cordonnerie

 

La marine achète à l'Industrie les milliers de paires de chaussures nécessaires à ses équipages.

Ce ne sont plus — bien que dépourvus de clous — les godillots, les lourds brodequins d'autrefois.

Le marin porte maintenant des souliers en box-calf de forme élégante.

 

L'atelier de cordonnerie est dirigé par le maître cordonnier Mailharou ;

on n'y fait normalement que les réparations des chaussures des officiers-mariniers et marins du 2e arrondissement maritime, mais l'atelier est équipé pour une confection restreinte.

 

Une dizaine d'ouvriers, ayant à leur disposition les machines les plus perfectionnées, travaillent dans cet atelier, aidés de jeunes matelots qui y font un stage d'un mois avant d'être embarqués sur les bâtiments où ils effectueront les réparations les plus urgentes des chaussures.

 

On fabrique aussi à l'atelier de cordonnerie les bottes des marins-pompiers, les brodequins-galoches pour les pupilles et les équipages de sous-marins, les bottes spéciales, dites bottes Z, imperméables aux gaz délétères, en cas de bombardement aérien.

 

Leurs épaisses semelles sont en cuir chromé, dit « super-phoque », avec, entre deux épaisseurs de cuir, une matière isolante.

La tige est faite de trois couches de toile huilée jaune et celle du milieu est imperméabilisée par un produit spécial.

 

L’atelier de Pavillonnerie

 

Cet atelier appartenait à l'atelier central, il y a un mois à peine, mais depuis le mois de novembre dernier il était, en fait, rattaché au service de l'habillement.

 

C'est là que se fabriquent maintenant les pavillons de toutes les nations et de signaux, en forme de flammes, de trapèze ou de triangles dont les dimensions atteignent jusqu'à cinq mètres de longueur.

 

Les étoffes aux couleurs vives s'amoncellent dans les rayons et les pavillons sont cousus par des machines ultrarapides à deux aiguilles, par une vingtaine d'ouvrières assemblant les bandes, pour former les croix, les étoiles, les croissants et constituer les 65 pavillons nationaux différents et réunir les multiples couleurs et chiffres des signaux.

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Le couchage

 

Dans les magasins sont empilés des milliers de couvertures, de hamacs, de couchettes, de matelas et de draps de lits, qui sont confectionnés dans trois ateliers.

 

L'un est occupé par un personnel masculin :

Des voiliers qui cousent les dures toiles des hamacs ; l'autre est desservi par des ouvrières.

 

Dans le troisième, le plus pittoresque, dirigé par Mme Le Gall, on procède à la réfection des matelas.

 

Les femmes qui y travaillent ont leur chevelure préservée par des mouchoirs et on n'aperçoit que leurs yeux, le bas du visage, pour les cardeuses, disparaissant à l’orientale, sous des masques de gaze.

 

Toutes les précautions d'hygiène sont prises dans cet atelier où volètent les plumes des oreillers, ou, tels des flocons de neige, des brins de laine papillonnent sans cesse.

 

Dans un angle, une énorme cardeuse électrique dévore sans arrêt la laine et le crin qu'on y engouffre, pendant que les matelassières les rassemblent dans leur toile sur des tréteaux.

 

Les matelas et traversins, après être passés dans les salles de désinfection de l'hôpital, sont, en effet, démolis, leur toile lavée à la buanderie de l'anse Saupin et leur laine recardée.

 

Innovations

 

Deux innovations sont à signaler :

Depuis 1933, la marine a expérimenté pour les couchettes des bâtiments et des locaux à terre, un nouveau genre de matelas semi-métallique, constitué par une multitude de petits ressors, d’un diamètre guère plus grand qu'une pièce de 20 francs actuelle, assemblés les uns près des autres, sous des couches de kapok.

 

Ces matelas indéformables et hygiéniques pouvant, sans être refaits, durer une quinzaine d'années, sont, en principe, réservés aux officiers, maîtres principaux et premiers-maîtres ; mais au fur et à mesure de l'épuisement des stocks des anciens matelas, tous les officiers-mariniers en seront munis.

 

Les marins vont avoir des pyjamas

 

Il n'est pas facile de se servir de draps dans un hamac et le matelot se contentait de s'enrouler dans ses couvertures.

Des pyjamas en toile écrue vont bientôt lui être délivrés et tous les marins auront, pour la nuit, leur pyjama.

 

Il existe encore un « atelier de triage pour les effets réintégrés », c'est-à-dire les vêtements rendus par les marins appelés, après l'accomplissement de leurs deux années de service, où ces vêtements sont examinés, nettoyés et classés par catégories.

 

Enfin, avant de quitter l'habillement et le couchage, jetons un coup d'œil sur la petite buanderie où quelques ouvrières procèdent avec soin au lavage des chemisettes et des effets délicats.

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Le casernement

 

Dans les magasins, véritables bazars, on trouve les objets les plus divers :

Brosses, objets de toilette, ustensiles de nettoyage, couverts, assiettes, quarts, et, dans une autre salle :

Les mobiliers, puis les poêles, bref tout ce qui est nécessaire au marin.

 

Dans un atelier à bois, dirigé par M. Salaun, agent technique, une vingtaine d'ouvriers s'affairent autour des machines-outils :

Dégauchisseuse, toupies, scies, meules, tours, etc., pour procéder aux réparations de tous les mobiliers des services à terre : tables, canapés, fauteuils, chaises, et à la fabrication des tables et bancs d'équipages.

 

L'atelier à fer réunit des forgerons, des ajusteurs, des mécaniciens, des électriciens, des fumistes, pour la réparation des « coffres à documents », des lits, des sommiers, des poêles.

 

Enfin, il ne faudrait pas terminer la visite des services de l'habillement sans faire une incursion dans le royaume de la paperasserie qui se trouve à côté de l'atelier central.

 

Dans cette « section des imprimés » on reçoit et distribue aux unités et services les millions d'imprimés administratifs et de « bulletins officiels méthodiques » groupant toutes les instructions relatives à chacune des questions pouvant intéresser un service.

Il faut croire que ces intéressantes questions sont nombreuses, à en juger par les monceaux de papier qu'elles représentent.

 

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La visite faite dans l'important service de l'habillement, couchage et casernement, permet d'affirmer que l'Intendance maritime ne néglige rien pour que nos marins soient confortablement vêtus, couchés et meublés, et il faut connaître que ce n'est pas un mince souci dans un port comme Brest qui assure maintenant l'entretien d'environ dix-huit mille hommes !

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