1941
Le Commandant Rondeleux
La Dépêche de Brest 13 avril 1941
Nous apprenons avec un vif regret la mort, à La Forêt-Fouesnant, de M. le capitaine de vaisseau de réserve Marcel Rondeleux qui fut, pendant de nombreuses années, l'un de nos collaborateurs.
Marcel Rondeleux, né le 14 septembre 1870 à Buxières-les-Mines, fit ses études aux lycées de Moulins et de Brest, puis entra à l'École navale, d'où il sortit aspirant le 1er octobre 1889.
Sa première croisière sur l’Iphigénie le transporte sous le ciel étincelant des Tropiques, et les Antilles lui apparaissent comme des terres de rêve dont il gardera toujours le souvenir.
​
l’Iphigénie
Embarqué sur le Dubourdieu (1891-1894), l'enseigne Rondeleux va dans les mers du Sud.
Il connaît l'île de Raharu, la Tasmanie, la Nouvelle-Zélande, les Marquises, les îles Sandwich ;
présenté à des souverains exotiques, il est Invité à un bal de la Cour aux iles Hawaï, recueille mille impressions pittoresques, lors d'une longue randonnée autour des deux Amériques et rapporte de chaque escale une série d'observations piquantes qu'il contera, avec une sincérité prenante et un art exquis, dans ses ouvrages et ses nombreux articles sur l'ancienne marine.
Lieutenant de vaisseau en 1900, il est désigné comme officier de manœuvre sur la Melpomène, frégate-école des gabiers, où il connaît de passionnantes aventures, des courses émouvantes et des défis chevaleresques au danger.
​
la Melpomène
Ce sont ces souvenirs de la Melpomène, de cette rude école de discipline et de volonté pour les hommes de mer, que le commandant Rondeleux a évoqués avec un charme puissant, dans son magnifique ouvrage « Les derniers jours de la marine à voiles », paru en 1929.
Campagnes en Extrême-Orient, sur le Montcalm (1904-1906), à Madagascar sur le Vaucluse (1912-1913), puis c'est la guerre de 1914.
Le capitaine de frégate Rondeleux embarque sur le Gaulois, de la division des Dardanelles et reçoit la croix de guerre en mai 1915.
Il commande la Brome, puis une escadrille de patrouille de Saint-Nazaire et est fait officier de la Légion d'honneur le 15 juillet 1919.
​
Le Gaulois
Marin expérimenté et savant manœuvrier, le commandant Rondeleux fit paraître,
entre autres ouvrages scientifiques :
« Stabilité du navire » et « Cyclones », puis quand il prit sa retraite en 1924, il publia de nombreux articles dans l'Illustration, les revues maritimes et la Dépêche de Brest, qui affirmaient chaque fois ses brillantes qualités d'écrivain, toujours empreintes de la poésie de sa vie errante et de la beauté grave de son métier de marin, incomparable école d'énergie.
Cette énergie, cette solidarité envers ses semblables, il les manifesta jusqu'à la mort, en mettant sa plume, son temps et sa peine au service des sociétés de secours, des œuvres patriotiques et en particulier de ce « Souvenir français » qu'il avait puissamment rénové depuis quelques années.
Le commandant Rondeleux laissera le souvenir d'un excellent marin, d'un parfait écrivain et, dans toute l'acception du mot, d'un homme de bien.
Nous prions Mme Rondeleux et sa famille de trouver ici l'expression de nos condoléances sincères et très émues.
*
**
À lire sur Retro29 -
1939 – L’île de Batz au péril de la mer par le Commandant Rondeleux - Cliquer ici
​
L’art de la manœuvre sur École Navale Tradition : Article Melpomène - Cliquez ici
Œuvres de Marcel Rondeleux - Cliquer ici
​