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1937

À l'école primaire supérieure de garçons
et
de navigation maritime

 

 

Source : La Dépêche de Brest 31 octobre 1937

 

L'orientation professionnelle des enfants est, pour les parents, un sujet de constante préoccupation.

Le choix d'une carrière est malaisé.

Il semble opportun de signaler les buts poursuivis par les différentes écoles et les situations auxquelles elles préparent.

 

Nous parlerons plus tard de l'École pratique de commerce et d'industrie.

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À lire sur Retro29 : 1938 – À l’école pratique du commerce et d’industrie – Cliquer ici

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En attendant, une visite à l'École primaire supérieure et de navigation maritime, place Wilson, permettra de se rendre compte des débouchés qu'elle peut procurer.

 

L'École primaire supérieure de garçons est relativement récente, puisqu'elle compte à peine une quinzaine d'années d'existence.

 

En 1919, les cours supérieurs des écoles primaires de la ville furent groupés et instillés dans les bâtiments

de ce « Petit Couvent » où, avant la Révolution s’établirent les « Dames de l’Union Chrétienne ».

 

Devenu propriété nationale, le Petit Couvent fut transformé, en 1791, en hôpital militaire, et, en 1801, le Génie en prit possession.

 

Pour la première fois, il abrita, en 1803, des écoles :

Celles d'application du Génie et des aspirants et aussi les bureaux de l'Inscription maritime.

 

Le Petit Couvent couvrait l'îlot compris entre les rues Voltaire, d'Aiguillon, Jean Macé et du Château.

Le lycée fut construit de 1845 à 1848 sur une partie de ces terrains.

Les bâtiments occupés par le directeur du Génie, le commandant de la Place et son état-major, les bureaux du génie et la sous-intendance militaire ne furent cédés à la ville que beaucoup plus tard.

 

La chapelle du Petit Couvent, construite en 1736, abritait en 1801 la Bourse du commerce.

Elle devint le restaurant municipal et ce fut quand la Maison du peuple fut transférée au Bois de Boulogne que les cours supérieurs des écoles primaires prirent possession des bâtiments du Petit Couvent pour former une sorte de cours complémentaire appelé :

« École de perfectionnement ».

 

Ce cours complémentaire fut transformé en École primaire supérieure officiellement le 1er octobre 1922 et, en fait, le 1er janvier 1923.

 

Cette création répondait à un besoin réel :

Il s'agissait de créer une école ayant sa place entre le lycée et l'école pratique d'industrie, avec lesquels, comme on va le voir, son enseignement ne fait pas double emploi.

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Elle se développa rapidement.

M. Le Platois, son directeur, lui donna une telle impulsion qu'il fallut  bientôt aménager des classes nouvelles et affecter à l'École primaire supérieure des salles utilisées par le restaurant municipal et le Central téléphonique, qui y était installé avant la construction de l'hôtel des postes actuel.

 

Depuis le début, il fallut d'ailleurs limiter le recrutement et organiser un examen d'admission au cours préparatoire.

 

Actuellement, l'école comprend trois classes préparatoires, trois sections de première année, trois de seconde année, deux de troisième et une de quatrième, soit douze sections, comprenant 450 élèves, placés sous la direction de M. Le Platois, assisté de trois instituteurs pour les classes préparatoires, de onze professeurs et de deux maîtres-ouvriers, chargés de l'enseignement du travail manuel du bois et du fer, sous la direction d'un professeur chef des ateliers.

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LE BUT DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE SUPÉRIEUR

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« L'école primaire supérieure — disent les instructions officielles — a pour but de former les hommes qui, sous la direction des chefs sortis des Universités et des grandes écoles, constitueront les cadres de l'armée économique et de l'armée administrative... »

 

C'est donc un « enseignement moyen », un « enseignement court » que l'École primaire supérieure se propose de donner aux jeunes gens, puisque le cycle normal et complet des études peut être parcouru en trois ou quatre années, si l'on compte le cours préparatoire, qui va se trouver, par suite de mesures toutes récentes, intégré en réalité dans l'enseignement primaire supérieur.

 

En raison de sa courte durée, à qui s'adresse cet enseignement simple et pratique ?

 

Aux enfants d'origine et de condition modestes ne pouvant poursuivre de longues études et désireux de trouver de bonne heure une situation et de ne plus être à la charge de leurs familles dès l'âge de 16, 17 ou 18 ans.

 

Il ne faut pas en déduire que l'enseignement primaire supérieur, parce qu'il est simple, n'est pas complet.

Au contraire, il s'adresse à toutes les facultés de l'enfant et de l'adolescent.

 

À côté des matières d'enseignement général — qui tiennent, bien entendu, la place prépondérante :

français, histoire et géographie, mathématiques, sciences physiques et naturelles, une langue vivante — études visant avant tout à la culture et à la formation de l'esprit, se trouvent obligatoirement, pour les élèves :

L'étude du dessin et de la musique, l'éducation physique et le travail manuel.

 

Ces matières ne sont pas aussi accessoires qu'on veut bien le dire.

En exerçant l'œil, la main et la voix, on forme le goût, on éveille et on développe le sens artistique, que la pratique des sports tend, tant soit peu, à faire négliger.

 

Mais cela ne veut pas dire qu'en essayant de former des esprits sains, l'École primaire supérieure ne consacre pas une partie du temps à l'éducation physique.

L'école a un professeur spécial et un préau de gymnastique avec un matériel important, qui lui permet de développer le corps en même temps qu'elle nourrit l'esprit des enfants qui lui sont confiés.

 

Elle dispose aussi d'ateliers pour le travail manuel : un pour le fer, l'autre pour le bois, pourvus d'un outillage suffisant, permettant aux élèves, à côté du résultat éducatif, d'acquérir un résultat pratique qui, comme on le verra dans un prochain article est loin d’être négligeable.

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Source : La Dépêche de Brest 1 novembre 1937

 

L'école primaire supérieure possède deux ateliers :

un à bois, l'autre à fer, pour l'enseignement du travail manuel.

Il y règne une grande activité et les élèves semblent s'intéresser vivement aux travaux qui leur sont confiés.

 

À l'atelier à fer, M. Henry, le professeur manuel, redresse la position d'une lime d'un jeune ajusteur, apprend à se servir du tour, guide et distribue sans arrêt ses conseils.

Chacun s'exerce de son mieux.

L'atelier n'est pas grand, mais son matériel est aussi complet que possible.

 

À l'atelier à bois, autour des nombreux établis :

Maillets, scies et varlopes sont maniés avec entrain sous la surveillance de M. Appriou.

 

Le travail paraît être un plaisir pour les menuisiers en herbe.

Les plus jeunes, ceux du cours préparatoire, ont à leur disposition des scies à découper, fabriquées par les plus grands et confectionnent, dans de minces planchettes, des porte-montres ou autres petits objets qu'ils pourront rapporter triomphalement à leurs parents, comme preuves de leur assiduité au travail.

 

Ceux des 3e et 4e années fabriquent des coffrets, assemblés en queues d'arondes, confectionnent des petits meubles, apprennent le difficultueux vernissage au tampon et font montre d'une grande habileté.

 

— Mais pourquoi enseigne-t-on le travail manuel à l'E.P.S. demandons-nous à son aimable directeur, puisque Brest a une école pratique d'industrie possédant des ateliers autrement vastes que les vôtres ?

 

— Je m'attendais à cette question, répond M. Le Platois.

Rassurez-vous, nos deux écoles jouent un rôle tout à fait différent.

L'école pratique, vous l'avez dit, est avant tout une excellente école professionnelle où la plupart de ses élèves viennent apprendre, dans les meilleures conditions, un métier manuel.

Le travail à l'atelier y tient la plus grande place — 4 heures d'études, 4 heures d'atelier chaque jour — C'est normal.

 

Notre E.P.S., au contraire, n'est pas une école d'apprentissage.

C'est une école d'enseignement général.

Les élèves n'y font que 4 heures d'atelier par semaine.

Ce court horaire hebdomadaire ne saurait évidemment permettre à un élève d'apprendre un métier manuel.

 

L'enseignement du travail manuel n'a chez nous qu'un rôle éducatif et il apporte un appréciable complément à l'éducation intellectuelle.

Donné en relations étroites avec la géométrie et le dessin, il comporte pour l'élève l'obligation de faire des tracés, des constructions, des croquis cotés et de tenir un carnet d'atelier.

 

Il rend les enfants plus adroits en leur apprenant à se servir de leurs doigts.

Appelés à exécuter une série d'exercices simples, par une progression méthodique et rationnelle, les élèves se familiarisent avec l'outillage courant de l'ajusteur et du menuisier.

 

Un des caractères de l'enseignement primaire supérieur est son orientation vers la vie pratique, ce qui le différencie de l'enseignement secondaire qui est plutôt un enseignement spéculatif.

 

Le passage à l'atelier donne à nos élèves le goût du travail manuel et du « bricolage ».

 

Savoir bricoler chez soi, pouvoir réaliser, avec un outillage restreint, beaucoup d'aménagements simples et des réparations représentent aujourd'hui, de sérieuses économies.

Nos futurs instituteurs trouvent dans cette aptitude au bricolage une aide précieuse.

Ils peuvent mettre à profit leur habileté manuelle pour confectionner, a peu de frais, beaucoup d'objets, de petits instruments ou d'appareils utiles à leur enseignement.

 

Enfin, l'obligation de travailler quelques heures par semaine à l'étau ou à l'établi, permet de découvrir et de développer chez l'adolescent certaines aptitudes' qui n'auraient pas eu, sans cela, l'occasion de se manifester.

 

Tel élève qui ne réussit pas dans les études proprement dites, mais fait preuve d'habileté manuelle peut s'orienter vers une autre voie, vers une profession industrielle.

La preuve en est que, depuis 4 ans, une vingtaine d'élèves de l'E.P.S. ont été admis comme apprentis dans l'arsenal.

 

Venez constater les intéressants résultats que donne l'enseignement du travail manuel.

 

M. Le Platois nous entraîne dans son bureau, puis dans la salle des professeurs et le vestibule de l'école où se trouvent exposés des panneaux sur les quels on peut suivre, année par année, les travaux exécutés par les élèves et constater la précision, le fini, la perfection de tous ces assemblages de pièces de fer et de bois, de tous ces travaux qui paraissent sortis des mains d'ouvriers expérimentés plutôt que de celles d'élèves, n'ayant passé, en somme, qu'un temps fort restreint à l'atelier.

 

Près de ces panneaux, une exposition de dessins décoratifs :

Frises, décors de papiers peints, etc., démontre que l'on cherche aussi à éveiller le sens artistique des élèves.

 

Comme nous rappelons à M. Le Platois le succès remporté, l'an dernier, par l'exposition des travaux d'élèves dans la salle d'escrime de la Brestoise, le directeur nous confie qu'à l'Exposition internationale, au Palais de l'Enseignement, les deux vitrines exposées au premier étage dans la salle de l'enseignement primaire supérieur, sont presque entièrement garnies — bien que l'origine des pièces exposées ne soit pas indiquée — par les travaux des élèves de l'E. P. S. de Brest.

 

Ceci témoigne de l'excellence de son enseignement.

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La gymnastique

 

L'éducation physique fait l'objet de soins assidus.

Elle est confiée à M. Caenen, professeur de culture physique, qui dispose d'un préau de gymnastique avec un portique et un matériel très important :

Barre fixe, barres parallèles, barres doubles, échelles, cordes, cheval d'arçon, haltères, poids, gueuses de fonte, barre à disques, ballons, poutre horizontale, etc...

 

Après avoir exécuté dans la cour, toute la série des exercices d'assouplissement avec et sans haltères ; avoir couru, sauté pour acquérir de l'agilité, par groupes, les élèves passent aux différents agrès et acquièrent force et souplesse.

 

Quand le temps le permet, M. Caenen les conduit au Foyer du soldat où les équipes de basket, de football et de push-ball se livrent à des compétitions fort disputées.

 

— L'aménagement de terrains de jeux pour les écoles de Brest serait souhaitable, dit M. Le Platois ; elle va réclamer une solution urgente, par suite des règlements nouveaux qui vont nous obliger à organiser des demi-journées de plein air chaque semaine.

Comment exécuter les prescriptions officielles si nous n'avons ni terrains, ni, à proximité de ces terrains, les abris et les vestiaires indispensables ?

 

— Alors, les « loisirs dirigés ? »

 

— Ils sont prévus pour le samedi après-midi, à partir de la semaine prochaine.

Ils ne sont pas faciles à organiser, surtout la première année.

 

Ils seront facultatifs pour les élèves.

Il nous faut donc nous efforcer « d'organiser ces loisirs » pour qu'ils soient, à la fois :

Instructifs, intéressants, attrayants, récréatifs et, d'autre part, gratuits ou très peu coûteux... puisque nous n'avons aucun crédit spécial.

 

Voici, sous réserve d'autorisations, ce que nous avons prévu :

Visites d'usines et d'établissements Industriels :

Usines à gaz, des produits chimiques, Brasserie de Kérinou, Cidrerie du Finistère, Usine électrique, etc..

Visites des musées de la ville et de la marine.

Séances de lectures récréatives, agrémentées d'auditions littéraires et musicales, avec disques.

Séances de dessin décoratif.

Visites de bâtiments de guerre.

Organisation d'une salle de lecture, avec revues et journaux illustrés.

Jeux et sports pour un certain nombre d'élèves.

 

Quand viendra le printemps, nous essaierons d'organiser des excursions botaniques et géologiques, sous la direction de professeurs compétents.

 

Si nous avions de l'argent, nous pourrions organiser des excursions plus lointaines, ayant pour objet l'étude de monuments : châteaux, églises, calvaires.

 

Ce sera au fur et à mesure que fonctionneront ces séances de loisirs dirigés que nous verrons le succès qu'elles obtiendront près des élèves.

Nous nous rendrons mieux compte des possibilités d'organisation et des difficultés à vaincre.

Nous essaierons de nous adapter et de faire de mieux en mieux, soyez-en certain, pour le profit et l'agrément de nos élèves.

 

Il nous restait à apprendre où conduit l'enseignement de l'école.

Nous en parlerons dans un prochain article.

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Source : La Dépêche de Brest 2 novembre 1937

 

Après le succinct exposé des méthodes d'enseignement employées à l'École primaire supérieure de la place Wilson, hâtons-nous de parler de la question la plus importante :

Quels examens peuvent préparer les élèves de l'E. P. S. ?

 

À la fin de la 3e année, le bon élève doit normalement obtenir le brevet élémentaire qui bénéficie toujours de sa réputation de vieille date.

Mais, le véritable diplôme de fin d'études à l'E.P.S. est le brevet d'enseignement primaire supérieur.

 

L'examen comporte, en plus des épreuves du brevet élémentaire des épreuves écrite et orale d'anglais et une épreuve de travail manuel.

C'est donc un examen très sérieux et très probant qui vaut plus et mieux que le brevet élémentaire, puisque dans certains concours où les candidats doivent produire des diplômes, le B. E. P. S. est considéré comme équivalent au baccalauréat 1ère partie.

 

La proportion des reçus aux examens du brevet élémentaire et du B. E. P. S. dépasse rarement 50 %. Il descend parfois jusqu'à 30 et même 25 % du nombre des candidats.

Il faut donc qu'au cours de leur séjour à l'E. P. S. les élèves travaillent, les examens devenant de plus en plus difficultueux.

 

Les concours auxquels les élèves de l'E. P. S. peuvent se présenter avec des chances de succès sont :

 

Les concours d'admission à l'École normale d'instituteurs ; de l'école de maistrance de Brest (officiers mariniers) ; des P. T. T. (plus spécialement celui du surnumérariat) dont les candidats bénéficient, en 4" année, d'une préparation spéciale.

 

L'E. P. S. doit remettre prochainement sur pied une section de préparation aux examens des Ponts et chaussées.

Cette section dut être provisoirement abandonnée, les concours ayant été supprimés pendant quatre ans.

 

Pour les autres examens et concours, on ne peut mieux faire que de reproduire les résultats obtenus depuis la création de l'E. P. S. en 1923.

 

Bourses d'enseignement primaire supérieur (2e série) : 318; (3e série) : 54.

Brevet élémentaire : 287.

Brevet d'enseignement primaire supérieur : 249.

Concours d'admission aux Écoles normales d'instituteurs : 96.

Concours d'admission à l'Institut Livet : 23.

Bourse de séjour en Angleterre : 1.

École des sous-officiers de la marine : 51.

Adjoints techniques des ponts et chaussées et du service vicinal : 2.

Commis dessinateurs (ville de Paris) : 2.

Concours de surnumérariat des P.T.T. : 42.

Concours des agents des installations extérieures : 5.

Concours des apprentis de l'arsenal, depuis 1931 : 104.

Concours des ouvriers aux écritures (arsenal) en 1937 : 5.

 

Ces résultats fournissent le commentaire le plus précis et le meilleur témoignage de la nature et de la valeur de l'enseignement donné à l'E. P. S.

 

L'E. P. S. a donc sa place entre le lycée et l'École pratique d'industrie, ce qui explique son succès à Brest comme dans les autres villes de France.

Son nombre d'élèves dépasse 100.000 dans les écoles primaires supérieures.

 

Il n'a donc jamais été question de supprimer l'E. P. S. comme l'avaient laissé croire, l'an dernier, certaines interprétations erronées des projets du ministre de l'Éducation nationale.

 

Le ministre a voulu, non sans raison, apporter un peu d'ordre, de simplification et de clarté dans l'organisation universitaire.

Il a voulu, en établissant une coordination des enseignements du second degré, supprimer certaines cloisons regrettables et faciliter, même en cours d'études, le passage d'un enseignement ou d'une section à l'autre, ce qui, il faut le reconnaître, est un problème difficile à résoudre.

 

L'enseignement primaire supérieur, détaché de l'enseignement primaire, fait maintenant partie de l'enseignement du second degré.

 

La coordination des programmes a été amorcée depuis le 1er octobre dernier.

Tous les enseignements généraux sont communs à la classe de 6e B, du lycée et au cours préparatoire des E. P. S.

Il faut attendre les résultats de l'expérience pour se prononcer sur les avantages ou inconvénients du nouveau programme d'études, question sortant, d'ailleurs, du cadre de cette enquête.

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L'école de navigation maritime

 

Avant de quitter l'École primaire supérieure, il nous fallait encore abuser de la patience de son directeur pour lui parler de l'École de navigation maritime qui avait subi le contre-coup du marasme de notre marine marchande, privant par le désarmement de nombreux bateaux à Roscanvel et ailleurs, les officiers d'embarquements, les marins d'emplois.

 

Dans ses intéressants « Propos maritimes » du 25 octobre dernier, notre collaborateur Bressac n'avait pas manqué de signaler que le moment lui semblait opportun d'appeler l'attention des jeunes gens et de leurs familles sur les carrières que pouvait leur offrir la marine marchande.

 

En effet, au cours d'un banquet offert par l' « Amicale des capitaines au long cours » à tous les chefs de l'armement français, M. l'inspecteur général d'hydrographie avait fait cette déclaration sensationnelle :

Le recrutement des officiers de pont et de la machine allait tomber cette année à 40 % du contingent nécessaire.

 

Alors que de 1930 à 1932, près de deux mille officiers étaient débarqués sans grand espoir de retrouver un emploi, une propagande à rebours avait été faite pour détourner les jeunes gens d'une carrière qui ne semblait plus devoir nourrir son homme.

 

En 1933, il fut encore délivré 123 brevets de capitaine au long cours.

En 1934, le nombre tomba à 101, en 1935 à 97 ;

en 1936 à 63 et on en prévoit à peine une quarantaine en 1937.

 

Or, d'après un article que consacre dans Mer et colonies, le commandant de Beauchaine à cette importante question, « une moyenne de 80 par an est strictement nécessaire pour le renouvellement des cadres et les mêmes proportions se retrouvent dans le recrutement des officiers mécaniciens », sans compter l'application des lois sociales qui viendront agrandir la marge du déficit, si celui-ci persistait.

 

Nous donnerons demain les précisions utiles qui permettront aux jeunes gens d'aborder les études pour préparer l'examen d'élève-officier à l'École de navigation maritime de Brest.

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Source : La Dépêche de Brest 3 novembre 1937

 

Nous avons dit hier que l'on prévoyait qu'une quarantaine de brevets de capitaine au long cours seraient délivrés cette année, alors qu'une moyenne annuelle de 80, d'après le commandant de Beauchaine et la Ligue maritime et coloniale, est strictement nécessaire pour le renouvellement des cadres des officiers de pont de la marine marchande.

 

— On ne peut, dit le commandant de Beauchaine, confier à des brevets de circonstance la foule de vies humaines et les énormes capitaux exposés sur mer.

 

Il va donc falloir parer à ce défaut d'état-major sur nos bâtiments de commerce :

Paquebots, cargos, grande pêche, plaisance et types spéciaux, en faisant un choix, « mais ce choix exige le nombre de candidats nécessaire, au moins de 200 à 300 qu'il faut trouver, recruter, encourager. »

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À l'École primaire supérieure de Brest est adjointe une École de navigation maritime sur laquelle il paraît utile de donner aux jeunes gens quelques précisions :

 

Pour aborder les études de navigation et préparer l'examen d'élève-officier de la marine marchande, aucun diplôme universitaire n'est exigible.

Les jeunes gens doivent cependant être pourvus d'une bonne instruction secondaire ou primaire supérieure.

Il faut, autant que possible, qu'ils possèdent le « bagage » du baccalauréat 1ère partie ou du brevet d'enseignement primaire supérieur ;

qu'ils soient convenablement doués en mathématiques et aient étudié l'anglais.

 

Dans les conditions actuelles un élève sérieux et travailleur peut réussir à l'examen d'élève-officier (sessions de juin ou d'octobre) au bout d'un an de préparation.

 

Pour passer l'examen de théorie de lieutenant au long cours, il n'est pas nécessaire d'avoir navigué.

On doit donc le préparer aussitôt après avoir été reçu à l'examen d'élève-officier :

Un an suffit.

 

Mais comme dit la chanson, « Avant d'être capitaine, il faut être matelot », le futur officier au long cours doit alors trouver un embarquement de façon à compter au moins 18 mois de navigation avant d'être appelé au service militaire, qu'il accomplit dans la marine, où il peut être admis à suivre, à Toulon, le cours d'élève-officier de réserve.

 

À la sortie de ce cours, s'il a satisfait aux examens, il est nommé aspirant de réserve et affecté avec ce grade sur un bâtiment de guerre.

Il termine donc la durée de son service comme officier.

 

Les aspirants de réserve sont libérés avec le grade d'enseigne de vaisseau de 2e classe de réserve.

Actuellement, un certain nombre de ces enseignes peuvent, sur leur demande, être autorisés à rester dans la marine de guerre par périodes successives de deux ans.

Ils peuvent même être conservés définitivement, mais cela est plus douteux.

 

Pour passer l'examen de lieutenant au long cours-application, il faut avoir deux ans de navigation.

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La préparation des candidats aux examens

 

L'École de navigation maritime de Brest prépare les candidats aux examens :

d'élève-officier, de lieutenant-théorie et de lieutenant-application.

 

Quant au brevet de capitaine de la marine marchande (anciennement capitaine au cabotage), il s'obtient après deux examens, un de théorie, un d'application qui peuvent être subis ensemble ou séparément.

 

Pour se présenter à l'examen de théorie, il faut être âgé de 18 ans et justifier de 18 mois de navigation accomplie depuis l'âge de 16 ans.

 

Pour l'examen d'application, il faut avoir 24 ans et 60 mois, de navigation active et professionnelle.

 

L'École de Brest peut préparer à l'examen de théorie.

 

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En résumé, il faut d'abord obtenir le brevet d'élève-officier, puis celui de lieutenant au long cours après deux ans de navigation et, enfin, le brevet de capitaine au long cours, quand on a réuni cinq ans de mer.

 

Aujourd'hui, les lieutenants au long cours débutent à une solde d'environ 1.300 francs par mois plus la nourriture, avec une augmentation progressive suivant le grade à bord et l'ancienneté dans la compagnie, pour atteindre la solde de capitaine-commandant qui varie de 40.000 à plus de 100.000 francs par an, suivant une foule de contingences.

 

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L'École de navigation maritime est située 26, rue Jean-Macé, au 2e étage du bâtiment de l'ancien central téléphonique.

Les cours ont lieu dans des salles spécialement aménagées, pourvues d'un mobilier neuf.

 

L'enseignement qui y est donné comporte l'étude de toutes les matières prévues aux programmes officiels.

 

Les cours d'hydrographie, cosmographie, navigation, calculs nautiques, théorie du navire, machines, langage maritime, usage des cartes et des instruments de navigation, etc… sont faits par M. Guitton, lieutenant de vaisseau en retraite, lauréat de la Ligue maritime et coloniale.

 

Les cours de mathématiques :

Trigonométrie, mécanique, électricité, législation maritime, français, anglais, géographie sont assurés par des professeurs certifiés ou licenciés.

 

Les cours de pratique, par un capitaine au long cours.

Ils sont gratuits, mais les élèves ont à se procurer, à leurs frais, les ouvrages, documents et instruments nécessaires à leur instruction

 

Il n'existe en France, avec celle de Brest, qu'une douzaine d'Écoles de navigation maritime.

Les cours ne sont commencés que depuis dix jours.

Le moment semble favorable pour y entrer.

 

Beaucoup de jeunes gens ont échoué à l'examen du baccalauréat.

Toutes les professions sont encombrées.

Si, ainsi que l'a affirmé M. Lecoq, inspecteur général d'hydrographie, les perspectives qu'ouvre la carrière maritime se sont grandement améliorées, l'attention des jeunes gens méritait d'être attirée sur la belle situation que peut leur procurer l'École de navigation maritime de Brest.

 

Cette documentation due à la complaisance des chefs d'établissements d'enseignement pourra être, sans doute, de quelque utilité aux parents désireux de diriger leurs enfants selon leurs goûts et leurs aptitudes, et de les faire entrer dans une école susceptible de leur procurer une bonne situation et d'assurer leur avenir.

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