Dimanche 17 Avril 1785
Réunion des membres de la Fabrique de Plouguin
Noël Le Bris
La Dépêche de Brest – Mercredi 14 Décembre 1898
Mort de M. Le Bris
Nous apprenons avec le plus vif regret la mort de M. Le Bris,
le doyen du conseil municipal de Brest.
Né à Plouguin. il est décédé la nuit derrière, à l'âge de 72 ans.
M. Le Bris était entre au conseil municipal en 1870, après la chute de l'Empire, dont il avait été un adversaire résolu.
A cette époque, il fut délégué pour se rendre en Angleterre, à l'effet d'acheter des fusils destinés aux mobilisés brestois.
'Il resta au conseil jusqu'en 1874 et remplit les fonctions de membre de la société pour l'extinction de là mendicité.
Le 3 mai 1896, les électeurs renvoyèrent M. Le Bris au conseil municipal.
C'était une figure extrêmement sympathique.
Il était très serviable et d'une grande affabilité pour tous.
Fils de ses œuvres, il avait su se faire une belle situation par un travail persévérant, comme agent des Assurances générales.
Il fut toute sa vie un bon et ferme républicain.
C'est d'ailleurs la tradition dans la famille Le Bris.
Nous adressons à Mme Le Bris et à ses deux fils l’expression
de nos sincères condoléances.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui, à deux heures,
en l'église paroissiale de Saint-Martin.
Une couronne sera offerte par le conseil municipal.
M. Delobeau, sénateur-maire, prononcera un discours sur la tombe.
La Dépêche de Brest – Jeudi 15 Décembre 1898
Les Obsèques de M. Le Bris
Les obsèques de M. Noël Le Bris, ancien agent d'assurances, conseiller municipal,
juge suppléant de la justice de paix, décédé mardi matin, ont eu lieu, hier,
à deux heures de l'après-midi, à l'église de Saint-Martin.
De nombreuses couronnes ornaient le char.
Sur le cercueil avait été placée, sur une superbe couronne d'immortelles,
l'écharpe municipale du défunt.
Deux gardiens de la mairie, MM. Le Bec et Bardu, portaient, sur un brancard,
une magnifique couronne en perles, entourée d'un ruban violet, cocarde tricolore,
et l'inscription suivante : Les conseillers municipaux à leur collègue et ami Le Bris.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Delobeau, sénateur, maire de Brest ;
Le Bras, président du tribunal de commerce ; Holley, négociant,
et Pilvain, agent d'assurances.
Le deuil était conduit par les fils du défunt, l'un professeur au lycée de Rennes, l'autre commis du commissariat de la marine à Brest.
Après la cérémonie religieuse, le convoi s'est rendu au cimetière de Brest, où le cercueil
a été déposé dans le caveau de la ville, en attendant l'inhumation
dans un terrain de famille.
Au cimetière, M. Delobeau a prononcé le discours suivant :
Discours de M. Delobeau
C'est une bien pénible émotion, messieurs, que de conduire à sa dernière demeure celui dont toute la vie a été celle d'un homme de bien.
Le Bris est un exemple de ce que dans notre démocratique société moderne
un homme, né dans des conditions modestes, peut obtenir, grâce à sa force de volonté,
à sa grande rectitude de conduite et à un travail assidu.
Né à Plouguin, aux environs de Brest, Le Bris dut de bonne heure songer
aux nécessités de l'existence.
Il vint à Brest, à l'âge de 17 ans, chercher une situation.
C'était un grand et beau garçon, à la figure douce et avenante, devant s'attirer toutes les sympathies qu'il sut si facilement conquérir.
Il débuta comme petit commis à l'agence principale de l'importante compagnie d'assurances contre l'incendie « la Générale », qu'il arriva à diriger complètement
pendant les dernières années de la vie du directeur, M. Bizet, ancien maire
de Brest, auquel il succéda vers 1867.
Quelque temps auparavant, il s'était allié à une honorable famille de Brest,
en épousant Mlle Adèle Hurel, la compagne dévouée de toute sa vie, qui pleure aujourd'hui un mari incomparable.
Mais Le Bris, fils du peuple, n'oubliant pas son origine, se sentait entraîné
vers les idées libérales, qui lui paraissaient devoir favoriser l'essor
des classes laborieuses.
Estimé depuis longtemps par ses concitoyens, il fut, dans les derniers moments
de l'Empire, porté sur une liste d'opposition pour les élections municipales.
Il entra pour la première fois au conseil le 29 août 1870.
C'était au lendemain de nos premiers revers, qui s'accentuèrent ensuite si terribles
pour la fortune de la France.
Dans nos désastres, le pays ne se découragea pas.
Il fallait armer les Français ; Brest fit son devoir comme tous, et Le Bris fut chargé
par le conseil municipal, avec un de ses collègues, de se rendre en Angleterre
pour acheter des armes destinées à la garde nationale mobilisée.
Digne de la mission qui lui était confiée, il s'acquitta si bien de sa tâche, qu'il reçut de la municipalité une lettre de félicitations des plus élogieuses.
Aux premières élections municipales qui eurent lieu sous la République,
il fut réélu conseiller le 7 mai 1871.
Je devins à ce moment son collègue, j'étais depuis longtemps son ami.
Mais nous nous rappelons combien, quelques années après, les meilleurs républicains étaient en butte aux haines et aux vengeances.
Il y avait alors un danger à se dire républicain, et Le Bris fut mis en demeure
par sa compagnie de choisir entre sa position de directeur de l'agence de Brest
et sa fonction de conseiller municipal, il n'avait pas alors la situation do fortune
qu'il sut acquérir ; grâce à son travail et a celui de sa femme si laborieuse.
Il dut s'incliner et il donna sa démission de conseiller en avril 1874.
Retiré définitivement des affaires, il nous revint au conseil municipal le 3 mai 1896.
Ce fut une joie pour nous tous.
Son intelligence, sa science comme comptable lui avaient acquis une grande notoriété dans le monde des affaires.
Sa grande loyauté, sa probité à toute épreuve lui avaient valu la confiance des tribunaux.
Aussi fut-il chargé par eux de nombreuses et importantes liquidations.
Toujours, il accomplit sa mission de manière à accroître sa réputation d'honorabilité. Dans ma longue carrière judiciaire, j'ai eu plusieurs fois Le Bris comme collaborateur,
et j'ai pu apprécier l'homme que nous pleurons et de l'amitié duquel j'étais honoré.
Le Bris a consacré aussi une grande partie du temps que lui laissaient ses travaux au soulagement des malheureux, et pendant plusieurs années il fut membre du comité de l'extinction de la mendicité.
Si les magistrats consulaires tenaient en grande estime Le Bris, les magistrats civils ne le leur cédaient en rien, et ceux-ci le lui prouvèrent en le faisant nommer
1er juge suppléant de la justice de paix du premier canton de Brest.
Voilà en quelques mots la vie si bien remplie de celui que nous avons
le malheur de perdre.
Il était le doyen du conseil municipal.
Mais qui aurait pu se douter il y a quelques mois, en voyant sa verte vieillesse, et même dans sa taille droite et élancée comme une apparence de jeunesse,
que la mort allait le ravir à notre affection ?
Sa vie est un modèle pour tous, et surtout pour notre jeune génération.
Il laisse deux fils qui étaient l'objet de toutes ses pensées et de sa grande sollicitude ; qu'ils puissent trouver, ainsi que leur vénérée mère, dans tous les regrets
qui viennent se réunir autour de cette tombe, un adoucissement à l'immense douleur qu'ils ressentent de la mort de celui qui fut un honnête homme à qui,
au nom de ses collègues, du conseil municipal, et de tous, j'adresse un dernier adieu.
Parmi la nombreuse assistance, on remarquait MM.Verne, sous-préfet de Brest ; Berger, Rivière, Anner, Omnès et Le Goïc, adjoints au maire de Brest ; Deshayes, ancien maire de Lambézellec ; Lolliérou, maire de Saint-Marc ; le contre-amiral Réveillère; Marfille, président de la chambre de commerce ; Deshayes, Fresnéau, O. Paillet, membres de la chambre de commerce ; Géhin, Réguron, Déniel, Luilien, Dumont, Glouet, Duclos, Le Maire, Madec, Piriou (Ch.), Guyader, Duclos, Piriou (G.), Pellé.Le Jeune, Caron, Glausse, Picot, conseillers municipaux, etc., etc. ;
Pivert, ancien adjoint spécial de Recouvrance ; Corre, ancien conseiller municipal ; Guézennec, juge au tribunal de commerce ; Sénac, commissaire central ; Chapon, préposé en chef de l'octroi ; Millour, secrétaire en chef de la mairie ; Guennoc, architecte en chef de la ville ; Nicolas? Receveur municipal ; Louis, directeur du petit lycée; Daniel, directeur de l'école pratique d'industrie; Mingam, directeur d'école communale ; les docteurs Mahéo, Gouzîe'n, Salanoue-Ipin et Guyot ; Froideveaux, juge de paix ; Poullaouec, ancien notaire ; Savreux, maître principal de la marine en retraite ; Ayme, capitaine, et Nabat, sous-lieutenant de la compagnie des sapeurs-pompiers de la ville ; Rastit et Guézennec aîné, négociant ; Vesgue, président de l'Union commerciale industrielle de l'arrondissement de Rrest ; Pitty, directeur de la compagnie du gaz ; Renaut, pharmacien ; de Lanley, agent général d'assurances ; de nombreux industriels, commerçants et agents d'affaires de la ville, des agents et commis du commissariat de la marine, etc., etc. ; une délégation d'agents de police placée sous le commandement de M. Le Gad, sous-chef, et une délégation de pompiers de la ville placée sous le commandement de M. Chauvin, sergent-major.
Généalogie
Signature de Noël Le Bris
Noël Le Bris est né à Plouguin, au bourg, le 4 mars 1826.
Il est le fils de Jean-François Le Bris, cabaretier et de Marie Anne Fagon, cabaretière.
Il s’est marié à Brest le 14 juin 1856 avec Adèle Augustine Marie Hurel.
Ils auront deux enfants nés à Brest : Raoul Félix Jean, né le 28 avril 1857 et Ernest né le 17 avril 1860.
A Brest, la famille Le Bris habitait au 16 rue Poullic al Lor.
Noel Le Bris avait 3 sœurs et 5 frères.
Plusieurs sont décédés jeunes.
Une de ses sœurs, Marie Jeanne, s’est mariée à Plouguin avec un tailleur de pierres.
Ils auront une fille : Marie Perrine, qui va épouser en 1871 un maître carrier : Louis Mao.
Celui-ci a exécuté le travail de construction du portail du cimetière dont les plans ont été dressés par M. Joseph Bigot*, architecte.
Les parents de Noel Le Bris sont décédés à Plouguin .
Sa mère : Fagon Marie Anne, le 4 juin 1853 au bourg.
Son père : Le Bris Jean François, le 3 juin 1855 au Faubourg. (entre le bourg de Plouguin et le Lez).
Recensements de population :
en 1836 et en 1841 : le père Jean François est aubergiste au bourg de Plouguin.
En 1845 il est cabaretier au bourg de Plouguin et en 1851 cabaretier au faubourg de Plouguin.
* Architecte de la construction de l'église de Plouguin