Dimanche 17 Avril 1785
Réunion des membres de la Fabrique de Plouguin
Les Tumulus
Paul Maufras du Châtellier, né le 13 novembre 1833 à Quimper et mort en mars 1911,
est un préhistorien du Finistère.
Propriétaire du château de Kernuz, en Pont-l'Abbé, dont il avait transformé une partie en musée.
Il fut président de la Société archéologique du Finistère.
Fils d'Armand René du Châtellier.
Membre fondateur de l'Académie des sciences morales et politiques,
Président en 1850 d'une société savante l'Académie des sciences morales,
des lettres et des arts de Versailles,
Fondateur de l'"Association bretonne" et du journal Le Quimpérois.
Propriétaire châtelain de Kernuz.
Maire de Pont-l'Abbé 1874 - 1877.
Castellourop - Kervinien-Bihan Croas hir
Contributeur : Jean Jacques Le Lez
Source :
Exploration de quelques sépultures de l’époque du bronze dans le Nord du Finistère par Paul du Châtellier 1883,
Extrait des mémoires de la Société d’émulation des Côtes du Nord
« Fouilles effectuées avec la collaboration de l’abbé Abgrall sans lequel bien des difficultés n’auraient pas été surmontées ».
(Voir récit en fin de page)
Description de fouille de tumulus à Castellourop et Kervinien-Bihan (Croas hir) par Paul du Châtellier
Au village de Castellourop, commune de Plouguin, plusieurs tumulus
nous avaient été signalés par M l'abbé Guillou, vicaire.
Nous nous y rendîmes et reconnûmes vingt et un tumulus un peu
de toutes les dimensions.
Ayant réuni quelques travailleurs à grand-peine, nous attaquâmes
le plus considérable de ces vingt et un tumulus, contenu dans la parcelle
cadastrale 59 1.
Ce tumulus est dans un champ bordant la route de Plouguin à Lannilis,
à environ cinq kilomètres du bourg de Plouguin.
Abaissé par les travaux de la culture, il mesure 35 mètres de diamètre
et 3 mètres de haut.
Ayant pratiqué au sommet une large tranchée à ciel ouvert de 6 mètres
de côté, nous reconnaissons qu'il est fait d'argile blanche et jaune,
excessivement compacte, telle qu’on en trouve dans les plateaux marécageux
situés en face de l'autre côté de la route.
Dans cette tranchée nous constatons, à toutes les hauteurs,
des fragments de charbon et d'argile calcinée et aussi de larges plaques
de 30 à 50 centimètres carrés de cendre mêlée de charbons.
A 1 m 80 au-dessous du sommet du tumulus, nous rencontrons la table recouvrant la chambre sépulcrale.
Cette table, sur laquelle sont amoncelées des pierres jetées là, sans ordre, a sa surface fort inégale.
Elle ne mesure pas moins d'un mètre d'épaisseur moyenne sur une longueur de 3 mètres.
En dégageant son extrémité N.-O. pour chercher une ouverture qui nous permette d'entrer dans la chambre, nous rencontrons
une pierre à concasser le blé.
Elle est brisée, intentionnellement sans doute.
Peu après nous découvrons une grande pierre plate aux extrémités de laquelle nous remarquons les traces d'un plancher en chêne
sur lequel ont été déposées des cendres.
Parvenant à faire une brèche dans l'épaisse muraille qui supporte la table, un de nos hommes se glisse à grand-peine dans la chambre
par son extrémité N.-O.
Cette chambre est pleine, jusqu'à 8o centimètres au-dessous de la table, d'argile blanche et jaune, telle que celle qui forme
l'enveloppe du tumulus.
A ces terres sont mêlées quelques lourdes pierres échappées des murs et roulées à l'intérieur de la sépulture, ce qui explique les infiltrations de terres qui l'ont remplie.
Après quelques heures d'un travail difficile et pénible, nous reconnaissons que la chambre a été creusée jusqu'au sable formant
le sous-sol du champ où s'élève le tumulus.
Sur ce fond a été placé un plancher en chêne de 6 centimètres d'épaisseur, sur lequel a été
déposée une épaisse couche de cendre mêlée de charbons.
Enfin par-dessus cette couche de restes incinérés on avait disposé un second plancher
dont les extrémités reposaient sur des pierres placées de chaque côté de la chambre,
le long des murailles.
La chambre ne mesurant que 1m15 du plancher au plafond, le déblaiement en est très
pénible, et mes ouvriers sont obligés de travailler à genoux en s'éclairant de bougies.
Vers le centre de la sépulture nous rencontrons un vase à quatre anses.
Fait de deux cônes tronqués réunis par la base, il est d'une forme élégante,
quoique fabriqué sans le secours du tour.
Il a 36 centimètres de haut.
Près de lui n'avait été mis aucun objet.
Le déblaiement de la sépulture continué avec soin jusqu'à son extrémité S.-E.,
nous ne recueillîmes rien autre.
A cette extrémité S.-E. avait été ménagée dans la muraille une ouverture,
sorte de porte donnant entrée dans la chambre.
Cette porte est bouchée extérieurement par un amoncellement de pierres jetées là pêle-mêle.
Une lourde pierre posée de champ sur le fond de la sépulture en forme le seuil.
Une énorme roche attrapant les deux murailles latérales en forme le linteau.
Mesurant la chambre avant de nous retirer, nous lui trouvons 1 m 15 du fond au plafond, 2 m 40 de long du S.-E. au N.-O.,
2 mètres de large au fond et 1 m 20 seulement de large en haut sous la table.
Cette différence de largeur de 80 centimètres entre le fond et le haut de la sépulture est peut-être due à la difficulté de se procurer une table suffisamment large pour la recouvrir.
C'est sans doute aussi à cette disposition défectueuse qu'est dû le mauvais état des murs intérieurs.
Ne quittons pas cette sépulture sans remarquer qu'ici comme à Plabennec, les objets funéraires et les restes incinérés ont été déposés
entre deux planchers de chêne.
Nous pouvons, je pense, en conclure que ces deux sépultures sont contemporaines.
Après cette exploration nous avons visité quelques uns des vingt autres tumulus groupés aux environs de Castellourop.
D'abord trois d'entre les plus petits, ayant une hauteur variant de 1m 50 à 3 mètres et un diamètre allant de 3 à 8 mètres.
Nous les avons complètement aplanis jusqu'au sol du champ où ils s'élèvent et avons constaté, déposé sur l'argile formant le sous-sol environnant, une couche de cendre mêlée de fragments de charbon et d'os sur toute l'étendue de la surface qu'ils recouvraient.
Nous en avons ensuite exploré un autre placé a 300 mètres au S.-O. de celui de la parcelle cadastrale 631,
dont l'exploration est plus haut décrite.
Ce tumulus a 16 mètres de diamètre et 1 m 50 de haut
Nous avons constaté dans toute l'enveloppe d'argile dont il se compose, de nombreux morceaux de charbon, et à 5 mètres de profondeur
au-dessous du sommet, sur le sous-sol du terrain où il s'élève, un plancher en bois de chêne occupant un espace de 80 centimètres carrés, sur lequel étaient déposées des cendres parmi lesquelles nous distinguons de nombreux morceaux de charbon et d'os complètement décomposés par l'humidité du sol.
Ne voulant pas quitter ce nombreux groupe de tumulus sans être complètement édifié à leur endroit, j'en explorai encore un.
Celui-ci, de 16 mètres de diamètre sur 2 mètres de haut, est formé d'un amoncellement d'argile dans laquelle nous remarquons de nombreux morceaux de charbon et de quartz.
A 2 m 50 de profondeur au-dessous du sommet, nous avons rencontré sur le tuf formant le sous-sol un plancher de chêne sur lequel avait été placé un dépôt de cendre mêlée de quantité de fragments d'os et de charbon, et une molette à concasser le blé.
Ne nous éloignons pas de ce curieux ensemble de sépultures sans noter qu'à 300 mètres de là, au village de Lanrivanan Bras,
on découvrit, il y a vingt ans, en aplanissant un tumulus, un certain nombre d'anneaux en bronze de toutes dimensions.
Dans la même commune de Plouguin, on découvrit, en juin 1845, au village de Kerdrein à 100 mètres au nord du bourg,
en nettoyant une mare , un torque en or, simple tige d'or tordue terminée par deux boutons.
Porté à Paris par M. de la Motte, de qui je tiens ces renseignements, il fut présenté au Musée de Cluny, à des conditions inacceptables, et finalement vendu 1200 francs à un orfèvre.
A 800 mètres au N.-O. du bourg de Plouguin, se dresse un autre tumulus, sur un plateau élevé d'où l'on embrasse un horizon très étendu, dans un champ dit Parc-an Dorguen dépendant du village de Kervinion-Bihan, Il a 40 mètres de diamètre.
Au milieu de terres labourées depuis longtemps, sa hauteur a été fort abaissée, aussi n'a-t-il plus aujourd'hui que 2 m 50 d'élévation.
Ayant ouvert à son sommet une large tranchée de 6 mètres en tous sens, nous n'avons pas tardé à rencontrer dans l'argile, sans mélange de pierres, dont il est construit, des morceaux de charbon, des éclats de silex et des fragments d'une grossière poterie noire ou rouge
faite sans le secours du tour.
Parmi les objets que nous continuons à recueillir en creusant notre tranchée, il y a quelques petits grattoirs en silex, quelques pointes ayant pu servir de flèche et quelques fragments d'un vase de grande dimension décoré sur son pourtour d'un bourrelet orné d'encoches faites avec le doigt dans la pâte tendre.
A 2 m 20 au-dessous du sommet du tumulus, nous rencontrons, dans la partie sud de notre tranchée, un plancher en bois de chêne
de 3 centimètres d'épaisseur, mesurant 1 m 30 de long dans la direction N.-S. et 80 centimètres de large dans la direction E.-0.
Sur ce plancher avaient été déposés des restes incinérés.
Continuant à creuser, nous finissons par atteindre avec la sonde une pierre qui parait avoir une certaine dimension.
C'est probablement la table qui recouvre les restes du défunt en l'honneur de qui le monument a été élevé.
Piochant avec un redoublement d'ardeur pour y arriver, nos hommes mettent bientôt à découvert une roche brute aux angles arrondis ayant 25 centimètres d'épaisseur, 1 m 65 de long dans la direction E.-O., et 1 m 20 de large.
Dégageant tout le pourtour de cette pierre, nous reconnaissons qu'elle ne repose sur aucune muraille, mais bien sur le tuf dur formant le fond de noire tranchée et qui n'est autre que le sous-sol du champ où s'élève le tumulus.
Cherchant à pénétrer dessous par une de ses extrémités, nous voyons quelle recouvre un squelette déposé dans une fosse creusée
dans le tuf, de sorte qu'en dessous de la table est une excavation de 50 centimètres de profondeur avec parois inclinées
de dedans au dehors.
Le fond de cette sépulture est à 3 m 70 au-dessous du sommet du tumulus.
Un de mes fouilleurs, se mettant à plat ventre, parvient, avec des soins et une peine inouïs, à dégager le squelette de l'argile dans laquelle il est comme moulé; cette besogne est d'autant plus délicate qu'il est en complète décomposition.
Aussi, prévoyant qu'il nous sera impossible de le relever, prenons-nous, avant d'y toucher, quelques mesures qui nous permettent d'établir que le crâne a 20 centimètres dans sa plus grande largeur et que la tête a 29 centimètres de dessous la mâchoire inférieure
au sommet du crâne.
Le défunt avait été inhumé couché sur le côté, les pieds à l'Ouest et la tête à l'Est, le corps replié.
Un détail intéressant à noter, c'est que dans cette sépulture, le corps avait été déposé sur un lit de sable blanc fin apporté de la mer, éloignée de plus de 10 kilomètres.
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Difficultés d’exploration de l’époque 1884
A Plabennec était signalé un magnifique tumulus, le soir, les fouilleurs de M. du Châtellier étaient restés gardiens des travaux commencés.
Les habitants du bourg vinrent essayer d’enlever les pierres pour voir ce quelles pouvaient cacher et les ouvriers menacés de coups vinrent en toute hâte prévenir leur maître qui fut obligé de revenir mette bon ordre à cet état de choses.
Toute la nuit des enragés curieux et armés de pioches revinrent à la charge, mais inutilement.
Louis L’Hostis. Vétérinaire et archéologue
Né en 1897 à La Harmoye dans les Côtes d’Armor, Louis L’Hostis installe son cabinet vétérinaire
à Ploudalmezeau à la fin des années 20.
Il décéde en 1971
Lannoulouarn - Kérégan
Contributeur : Jean Jacques Le Lez
Source :
Société Archéologique du Finistère
Société Archéologique du Finistère 1937 tome 64 - Pages 50 à 64
Les nécropoles préhistoriques de Lannoulouarn et de Kérégan
1. LES TOMBES DE LANNOULOUARN
Situation topographique, Le grand menhir de Lannoulouarn est établi sur la crête qui domine
l'anse de l'Abert-Benoit située entre le Grand Moulin et la chapelle de Locmajan.
A vingt-cinq mètres de ce menhir et vers le Sud-Ouest, se trouve un angle du champ dit « Parc-ar-Menhir Braz ».
C'est dans ce champ qu'ont été découvertes la plupart des tombes qui forment celte nécropole.
Circonstances de la découverte.
Des dalles apparaissant à fleur de sol et gênant considérablement la culture, le fermier,
d'accord avec son propriétaire, résolut de dérocher cette parcelle.
Il mina un premier rocher, qui émergeait plus que les autres, puis il entama les autres qui ne dépassaient
pas le niveau du sol.
C'est alors qu'il s'aperçut que sous ces dalles il existait d'autres pierres disposées en maçonnerie.
Ce fermier était au courant de l'existence dans la région de semblables fosses à parois maçonnées.
Il en avait vu à Kerégan, où j'en avais identifiés trois en 1935.
Averti par lui, je me rendis aussitôt sur les lieux, où il m'attendait.
Deux des fosses avaient été vidées de leur contenu de terre éboulée un peu au-delà de la couche intéressante, dont il restait cependant des fragments par endroits.
J'ai pu ainsi étudier assez complètement la structure de ces tombes et me faire une idée
assez exacte sur leur mobilier.
Le lendemain une troisième tombe fut ouverte.
A ces trois sépultures s'en ajoutent d'autres, deux autres au moins découvertes et démolies,
l'une l'an passé (1935),
L'autre il y a deux ans (1934) et situées l'une à l'extrémité Sud, l'autre à l'extrémité Nord de ce même champ.
Enfin, il y a environ vingt-cinq ans, un fermier du voisinage a vu découvrir une sixième tombe,
qui se trouvait dans le talus Sud de « Parc-ar-Menhir-Braz ».
L'avenir nous apprendra si - comme je le crois fermement - il en existe d'autres.
Cette nécropole vient ajouter un peu d'importance à l'ensemble préhistorique de Lannoulouarn - Kerégan, où j'ai déjà trouvé plusieurs choses intéressantes publiées en partie seulement.
Description des tombes.
Les trois tombes qui font l'objet de ce petit travail sont d'un type particulier qui me semble à l'heure actuelle encore rare sinon inédit.
Leurs grandes parois latérales sont voûtées, ce qui donne à leur coupe transversale-verticale le même dessin qu'aurait celle d'une barrique placée debout et coupée verticalement par le milieu.
Cette disposition, manifestement intentionnelle puisque répétée, a été donnée à ces sépultures par leurs constructeurs pour lutter contre la pression des terres.
Je ne retrouve dans mes documents aucune tombe de ce style.
Seule celle qui a été décrite dans « Le Finistère préhistorique », par le-commandant Bénard, sous le nom de tombe de Plourin, serait un peu analogue dans sa coupe verticale, la coupe horizontale différant de celle des tombes de Lannoulouarn puisque, contrairement à ce qui existe chez ces dernières, les grands côtés n'en sont pas parallèles.
Je possède des documents assez complets - qui m'ont été très aimablement offerts par Zacharie Le Houzic - sur les tombes du Morbihan; mais je n'y trouve rien de semblable ni même d’approchant, si ce n'est un coffre que le savant conservateur du musée préhistorique de Carnac a trouvé à Mané-Kerioned et qui a depuis été détruit.
Je ne puis indiquer ici la morphologie des tombes ouvertes dans « Parc-ar·Menhir-Braz » avant 1936, car je n'ai pas à leur sujet de renseignements suffisants.
Je ne m'attarderai donc qu'à décrire celles qui ont été mises à jour dans ce champ au début de décembre 1936.
Tombe n° 1
La dalle qui recouvrait cette tombe mesurait approximativement
2 m 50 sur 2 m sur 60 cm.
Elle a été réduite en petits blocs par la dynamite.
Elle était en roche granitique à gros grains.
Cette dalle recouvrait une fosse à ouverture rectangulaire ayant 95 cm
de large et 1 m 95 de long.
Sa profondeur mesure 1 m 25 dans toute sa longueur à l'exception
des 25 ou 30 derniers centimètres à l'extrémité Ouest où l'aire faisant
une sorte de marche se trouve 20 centimètres plus bas.
Cette aire présente une largeur de 90 cm sur toute sa longueur qui est
de 2 m 18.
Les deux « pignons» de cette chambre sépulcrale sont donc obliques
en dehors par rapport à la verticale abaissée de chacun des petits côtés
de l'ouverture de la fosse sur l'aire.
Cette aire est recouverte sur toute sa surface d'une couche mince
(un centimètre environ) de sable fin de grève mélangé à des cendres
noires et parsemée de parcelles informes d'une poterie mal cuite
et imprégnée d'humidité la rendant très friable.
A l'extrémité Est, tout contre les moellons du pignon se trouve
une traînée grisâtre tirant légèrement sur le vert.
Un prélèvement de cette traînée a été analysé par M. Allanic,
pharmacien à Brest, qui, contrairement à ce que j'avais supposé,
n'y a trouvé aucune trace de cuivre.
Mon impression avait été, en effet, en découvrant cette traînée,
d'être en présence des résidus d'une arme en bronze.
A l'extrémité Ouest, dans la zone surbaissée, se trouve, à l'angle Sud,
un amas plus considérable de cendres et à l'angle Nord
une tache sensiblement circulaire, avec un diamètre de 12 à 15
centimètres, de cette même substance grise que celle de la traînée
qui existe à l'extrémité Est de la tombe.
Je regrette de n'avoir pas fait analyser cette terre grise, que je croyais être
le résidu d'un autre petit dépôt d'armes de bronze.
Les « pignons» de la chambre sépulcrale, obliques ainsi que je l'ai dit
précédemment, sont constituées dans leurs deux tiers inférieurs
par des moellons analogues à ceux des parois; ils ont été refoulés par endroits
vers l'intérieur par la pression des terres.
Le tiers supérieur est constitué par une dalle posée de champ.
Quant aux deux grands côtés, ils sont en moellons disposés en maçonnerie
voûtée en dehors, les rangées les plus écartées de ces deux voûtes
sont à 1 m 35 l'une de l'autre.
L'orientation du grand axe de la fosse est assez sensiblement Est-Ouest.
Tombe n° 2
Elle présente exactement la même disposition que la précédente.
Je ne puis toutefois pas certifier qu'elle possédait la marche surbaissée
qui existe à la partie Ouest de la tombe n° 1, le fond de la tombe n° 2
ayant été bouleversé avant mon arrivée par le fermier à la recherche
du traditionnel mais chimérique trésor.
A l'extrémité Sud de l'aire de cette fosse existe la même traînée
gris-vert constatée dans la tombe n° 1 un peu oblique par rapport
au petit côté correspondant de l'aire.
Dimensions de l'aire: 95 cm sur 1 m 84.
Dimensions de l'ouverture supérieure sous la dalle: 75 cm sur 1 m 75.
Dimensions de la dalle: 2 m 20 sur 1 m 80 sur 55 cm.
Les pignons sont obliques, comme dans la fosse précédente,
avec également des moellons dans les d eux tiers inférieurs et
une dalle posée de champ dans le tiers supérieur.
Les grands côtés sont voûtés avec un écart maximum de 1 m 22.
Sur l'aire il y avait un lit de sable de grève, des cendres et des débris
de poterie mal cuite et imprégnée d'humidité.
L'orientation du grand axe de celle tombe est assez exactement Est-Ouest
comme celui de la première.
Tombe n ° 3
Ce qui frappe à première vue, c'est la divergence, assez réduite
il est vrai, et sans doute non intentionnelle, de l'orientation du grand
axe de cette tombe avec celle du grand axe des deux autres.
L'angle formé par ces deux directions axiales est d'environ 10 degrés
et ouvert vers le Nord Est.
Les dimensions de cette tombe sont réduites.
L’aire mesure 55 cm sur 1 m 26.
L'ouverture sous la dalle est d e 45 cm sur 1 m 20.
La dalle à 1 m 75 sur 1 m 15 sur 45 cm environ.
L'architecture générale demeure absolument la même : grandes parois
voûtées avec écart maximum des voûtes entre elles d e 65 cm.
Même disposition et même technique dans l'édification des pignons.
Aire uniformément plate, sans marche, recouverte de sable de grève.
Très peu de cendres, pas de traînée grise, ni de morceaux de poterie.
Cette sépulture est assez rapprochée de la tombe n° 2 et forme avec elle
un ensemble fort intéressant.
L'angle Sud de l'extrémité Ouest de la petite tombe est à 2 mètres
de l‘angle Nord de l'extrémité Ouest de la tombe n° 2.
L'angle Sud de l'extrémité Est de la tombe n° 3 et à 2 m 30 de l'angle Nord
de l'extrémité Est de la tombe n° 2
(dimensions prises à partir des orifices des tombes sous les dalles).
Considérations et conclusions
On se trouve dans « Parc-ar-Menhir-Braz » en présence
de tombes maçonnées d'un type spécial.
C'est là leur grand intérêt.
Ces tombes, que l'on devait démolir, se trouvent, conformément à mes indications,
recouvertes de terre car il fallait cultiver le champ
mais elles sont facilement retrouvables et méritent d'être reconstituées
dans un musée préhistorique.
A quelle époque peut-on les faire remonter ?
La pauvreté de leur mobilier ne nous permet pas d'en tirer ce renseignement.
Il faut nous adresser au voisinage.
Il s'agit là de tombes à incinération trouvées à proximité d'un grand menhir taillé.
Les grands menhirs taillés sont de l'époque du bronze,
et peuvent appartenir aux quatre périodes de cette époque.
Ces sépultures sont donc de l'époque du bronze. (-2200 -800 avant JC)
C'est tout ce qu'on peut dire actuellement.
D'autres précisions viendront peut-être plus lard quand on trouvera d'autres tombes .
A l'appui de celle hypothèse je peux produire une masselotte en bronze recueillie par le fermier
il y a peu de temps à quelques mètres des tombes.
Celte petite trouvaille permet de penser qu'il y a eu dans ce même champ un atelier de fondeur.
L'avenir nous permettra peut-être de confirmer cette supposition.
2 - LES TOMBES DE KERÉGAN
Ces tombes, au nombres de trois, séparées les unes des autres par de petits terre-pleins d'un mètre,
ont été découvertes en juillet 1935 par le propriétaire de la ferme de Kerégan à une cinquantaine de mètres ,
et en direction Nord-Est du bâtiment principal de cette ferme.
A cause du temps continuellement pluvieux du moment et de la nécessité
pour les fermiers de déblayer rapidement ce terrain,
les fouilles de ces tombes ont dû être sommaires.
Leur mobilier était d'ailleurs extrêmement pauvre puisque nous n' y avons trouvé
que quelques traces de cendres et de poterie mal cuite et infiltrée d 'humidité,
et un tout petit éclat de silex qui pouvait fort bien ne pas appartenir au mobilier
proprement dit de ces tombes .
Néanmoins leur proximité de l'ensemble préhistorique de Lannoulouarn ainsi
que leur structure, est différente des tombes étudiées plus haut.
Elle permet de les faire remonter à la fin de la période néolithique (-6000 - 2200 ans avant JC).
Assez tardive sans doute dans cette région, on peut supposer qu'il y a eu continuité d'existence
entre les peuplades qui les ont édifiées et celles qui un peu plus tard,
ont établi la nécropole de « Parc-ar-Menhir-Braz ».
Toute la zone occupée par la ferme de Kerégan est intéressante et nombreuses sont les trouvailles que le fermier y a déjà faites avec les quelques rudiments de préhistoire que je lui ai inculqués .
Ces objets dont on peut voir un certain nombre dans les vitrines du musée préhistorique de Penmarch ont été presque tous trouvés en surface, ce qui leur enlève évidemment toute valeur de chronologie.
Le territoire des villages voisins est également riche en vestiges de cette même période.
Elle a eu son apogée lors de l'édification de l'alignement de Lannoulouarn et des nombreux tumuli
que l'on voit disséminés un peu partout aux alentours : Lanveur , Castelouroup, Larivanan,
Pen-ar-Valy, Kerozal, ou un peu plus loin au lieu dit de Kerc'hruguellou (le lieu des « Cruguel » ou tumuli).
Près de ce dernier village on peut voir encore un magnifique tumulus, fouillé d'ailleurs, et de nombreuses tombes dont les dalles de recouvrement sont au ras du sol et dont l'une, ouverte en 1935,
m'a permis d'avoir une lame de poignard en bronze, qui se trouve actuellement
au musée départemental de Quimper.
De l'un des tumuli de Larivanan fouillés en 1882 par Paul du Chatellier, a été extrait ce
fameux vase à quatre anses qui fait en quelque sorte date
et qui du musée de Kernuz est passé au musée de Saint-Germain-en-Laye.
J'ajoute que cet auteur a fouillé dans ce coin de territoire de la commune de Plouguin au moins 21 ou 22 tumuli, qui, à part ce vase n'ont fourni que ce que j'ai moi-même trouvé dans les tombes de « Parc-ar-Menhir-Braz »,
des cendres et des débris de poterie.
J'ai, par cette digression, un peu abandonné mon sujet.
Mais c'est seulement dans le but d'exprimer que cette commune de Plouguin est certainement
l'une des plus riches en notre territoire finistérien - peut-être la plus riche -
en vestiges de l'époque de bronze.
Peut-être les régions plus côtières - celles qui existaient entre les îlots demeurés au long de notre côte armoricaine - rongées depuis par la mer, étaient-elles aussi riches ou même plus riches.
Cela est très possible, si l'on considère par exemple ce petit espace occupé par l'île Melon où l'on retrouve des vestiges de nombreux dolmens, allées couvertes, alignement de menhirs.
En réalité nous ne le saurons jamais.
Description des tombes de Kerégan
li suffit de décrire l'une pour connaître la structure des trois, seules leurs dimensions sont différentes.
La tombe A mesure 70 cm en son point le plus large pour 1 m 20 de longueur.
Elle a 1 m de profondeur.
La tombe B a chaque dimension réduite, par rapport à la première, de quelques centimètres
La tombe C a des dimensions correspondant chacune aux deux tiers des dimensions de la tombe A.
La tombe A est séparée de la tombe B par un terre-plein de 1 mètre.
La tombe C est séparée de la tombe B par un terre-plein de 1 mètre.
Ces trois sépultures sont orientées de façon identique avec leur grand axe dirigé Est-Ouest.
Leur ensemble forme un angle droit dont la fosse A ferait le côté Sud, la fausse B le sommet de l'angle
et la fosse C le côté Ouest.
Chaque sépulture comporte un appareil de maçonnerie en pierres sèches, s'élevant sur 60 cm environ et allant de l'orifice sous la dalle jusqu'à 30 ou 40 centimètres du fond qui est creusé, sans modification, dans le sol.
Chacune de ces tombes est fermée à son extrémité Est par une dalle posée de champ et calée extérieurement par quelques grosses pierres.
A l'intérieur et sur l'aire une grande pierre plate qui en recouvre la partie moyenne.
Sous cette pierre plate un trou en cupule creusé dans le sol ayant 20 à 25 centimètres de diamètre et 7 à 8 centimètres de profondeur.
Partout ailleurs l'aire est recouverte de sable fin de grève et parsemée de traînées de cendres avec quelques débris de bois calciné et de petits fragments de poterie friable.
Dans la cupule placée sous la pierre plate on n'a absolument rien trouvé.
Parmi la terre extraite de ces trois fosses j'ai trouvé des débris osseux si petits qu'on ne saurait dire
si c'est à un homme ou à des animaux qu'ils ont appartenu
Il a été aussi trouvé un très petit outil en silex, qui paraît être un éclat de retouche, mais qui a dû lui-même être utilisé, à en juger par le détail de son pourtour.
Le sol de ce territoire est sableux, donc poreux.
Il est facile d'en déduire que les objets placés dans ces diverses tombes ont été, au cours des quelques trente
ou trente-cinq siècles qui nous séparent de leur édification, rongés et dissous par les eaux d'infiltration.
L. L'HOSTIS.
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Poignard découvert par M. L'Hostis dans le tumulus détruit de Kerhuguellou.
Epée avec sa poignée en bronze mesurant 71 cm de long et 8 cm de large à la base de la lame.
Lame de type triangulaire évidée, fortifiée par un renflement central qui descend jusqu’à 20 cm
de la pointe décorée de filets en creux.
La poignée est formée d’un cylindre creux en bronze un peu aplati se terminant au sommet
par un large anneau ovale destiné à recevoir le pommeau, près du sommet trous disposés deux et un,
traversant le tube cylindroïde de part en part donnant passage à de gros rivets.
Garde en arc de cercle pinçant la lame, qui s’y trouve fixée par huit rivets, les plus gros au centre,
les plus petits près des tranchants de la lame.
Cette arme fait partie de la collection de M. de Fréminville, et à sa mort, a été acquise
par M. Danjou de la Garenne.
Elle est semblable aux épées trouvées à Maroué, Bringolo et Saint-Brandan (Côte du Nord).
L’une et l’autre décrite par M. V. Micau, mémoires de la Société d’Emulation
des Côtes du Nord en 1883.
Cette belle épée a été trouvée sur un point indéterminé de la commune de Plouguin,
on ne connait pas davantage les circonstances de sa découverte.
Morgien