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1940

Brest en 1900

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Source : La Dépêche de Brest 15 décembre 1940

 

Le premier lundi d'octobre, se tient, place de la Liberté, la célèbre foire de la Saint-Michel.

C'est par milliers que les Vapeurs brestois, les chemins de fer et nos tramways déversent, dans la matinée, les visiteurs venus des environs.

 

Toute l'après-midi, la rue de Siam et la rue de Paris, jusqu'à Saint-Martin, présentent une animation extraordinaire.

Avec ces multitudes de coiffes blanches et de costumes bretons si variés, l'aspect est vraiment des plus pittoresques.

 

La place de la Liberté est transformée en un vrai capharnaüm, où les objets les plus divers se trouvent entassés ;

livres, armes, outils, vieilles hardes, bibelots français et étrangers, meubles, etc, gisent pêle-mêle sur des toiles et des tréteaux.

 

Le débit, situé à l'angle de la rue de Siam et de la rue Colbert, fait de brillantes affaires.

C'est là surtout que se traitent les engagements de domestiques et de métayers.

 

Une vieille coutume qui tend à disparaître est la casse des pipes et ce ne sont point nos braves campagnards qui s'en plaindront.

 

Le marché aux toiles, la vente des pots de miel et des pommes de terre ont également attiré un nombreux public sur la place Sadi-Carnot.

Le kilo de miel est vendu 0 fr. 90 ;

la laine 0 fr. 50 ;

les cent kilos de pommes de terre, 6 francs.

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Nous avons rappelé, dans un précédent article, l'inauguration du monument aux morts pour la patrie qui eut lieu le 1er novembre.

 

Le lendemain, le Souvenir français fait sa visite annuelle au cimetière militaire de Kerfautras.

Grandiose cérémonie à laquelle prennent part toutes les sociétés patriotiques avec leurs drapeaux.

 

Le cortège part à 9 h. 30 du Champ de Bataille, précédé de la musique du 2e d'infanterie de marine.

On remarque, à la tête de la Société la Flotte son président, M. Sénart, qui porte allègrement, parmi ses nombreuses décorations, la médaille de Crimée devenue de plus en plus rare.

 

Sur tout le parcours, la foule est immense.

Au cimetière, M. Augier, professeur à l'école navale, prend la parole au nom des anciens soldats et marins ;

le docteur Hébert, président de la Société académique dit une poésie d'une belle envolée et M. Lenoir, professeur au lycée, secrétaire du Souvenir français, prononce quelques paroles de remerciements.

 

La mi-décembre nous ramène les forains qui viennent établir sur le Champ de bataille, jusqu'à la fin janvier, leurs petites baraques et leurs modestes roulottes :

bazars et articles de Paris, chinoiseries, oranges et fruits exotiques, tirs, jeux de massacre ;

un manège de chevaux de bois, à un sou ;

le carrousel à vapeur de M. Gauffriand ;

les levantins Jérôme, Aboukali et Basile, à la blouse de soie blanche et coiffés d'une toque d'astrakan, qui vendent du nougat russe et de Montélimar.

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C'est surtout le soir de Noël que règne une grande animation sur le Champ de Bataille et dans la rue de Siam, où les flamboyants étalages sont, du reste, si tentants.

Partout, on regarde, on admire les nouveautés exposées pour le plus grand plaisir des yeux.

 

La foule s'arrête longuement devant les vitrines de Paris-Brest qui vient d'être inauguré, il y a quelques mois, unique dans notre cité, tant par l'immensité que par la splendeur de ses locaux.

 

Les magasins de chaussures :

l'Introuvable, l'Insurmontable, l'Incroyable rivalisent de bon goût et de bon marché, avec leurs prix uniques à 7 fr. 50.

L'Insurmontable, à l'occasion des étrennes, offre une superbe paire de pantoufles à titre gracieux.

 

L'ancienne maison Au prince Eugène présente des complets veston à 19 francs et des pardessus pour hommes, à 18 francs.

Complets veston, haute nouveauté cheviote, de 17 à 55 francs et complets redingote, de 49 à 75 francs, sont vendus au Grand entrepôt d'habillement.

La Grande Maison fait sur mesure :

complets veston 60 francs ;

complets jaquette, 68 francs ;

complets redingote, 75 francs ;

pardessus col velours 60 francs ;

pantalon pure laine 16 francs.

 

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Toute la journée de cette veille de Noël, les ménagères ont fait leurs provisions pour le réveillon.

Que de poulardes, dindes, oies, lièvres, bécasses, truffes, jambon et boudin ont été achetés aux halles et dans les charcuteries.

 

Innovation :

Les halles viennent d’être couvertes d’une marquise vitrée.

Le marché n’est plus à ciel ouvert.

On se réjouit de ne plus se casser le cou sur un pavé inégal et glissant.

 

C’est l’époque où l’on vent le beurre demi-sel à 0 fr . 90 la livre, le beurre extra à 1 fr. ;

les œufs à 0 fr. 70 et 0 fr. 80 la douzaine ;

le café grillé supérieur, 4 fr. 60 le kilo et le mélangé délicieux, 5 fr. 20.

 

Les fidèles assistent en foule à la messe de minuit et jusqu'à une heure très avancée, les cafés et restaurants retentissent du gai cliquetis des fourchettes et des verres joyeusement heurtés.

 

Pour le réveillon, le restaurant Mouret, 39 bis rue de la Mairie, offre le menu suivant, au prix de trois francs, pour les grandes personnes et de 1 fr. 50, pour les enfants au-dessous de dix ans :

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En famille et partout, on fête gaiement le réveillon, en cette année 1900.

 

(À suivre)

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