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1940

Brest en 1900

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Source : La Dépêche de Brest 20 décembre 1940

 

La musique des équipages de la flotte, sous la direction de M. Farigoul ;

celles du 19e de ligne qui a pour chef M. Esvan, du 2e et du 6e d'infanterie de marine donnent un concert, quatre fois par semaine, sur le kiosque du Champ de Bataille, les mardis, jeudis, vendredis et dimanches.

De juillet à fin septembre les concerts ont lieu sur le cours Dajot de 4 h. à 5 h. un quart.

 

Les programmes de M. Farigoul sont toujours très éclectiques et fort goûtés.

Au hasard, nous donnons celui exécuté, à l'occasion du punch offert par la Dépêche de Brest, en l'honneur de l'armée navale :

 

Marche des escadres (Helmer).

Poète et Paysan (Suppé).

Mignon (A. Thomas).

L'Étoile du Nord (Meyerbeer).

Espana (Chabrier).

Cortège de Bacchus (Delibes).

 

La musique de la flotte joue souvent une délicieuse œuvre de son chef, Mousse de Bretagne, toujours saluée de nombreux applaudissements.

 

Le public apprécie également l'excellente musique du 19e.

La Marche des Boers de Wetter et les chœurs de Souhaits à la France, chanson-marche de Pessard, obtiennent chaque fois un Joli succès.

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Il y a foule, chaque dimanche, sur le Champ de bataille.

Les personnes âgées arrivent de bonne heure, pour occuper les bancs qui se trouvent, depuis cette année, sur deux rangées, tout autour des quatre allées de la place.

 

Le « monde chic » se promène de long en large, sur l'espace longeant la rue de la Rampe.

On « fait le Champ de Bataille ».

 

Les messieurs sont presque tous en Jaquette, une fleur à la boutonnière, col haut, cravate plastron, haut-de-forme, canotier ou panama et la canne à la main.

 

Par les beaux dimanches d'été, les dames et les demoiselles aiment à faire admirer leurs jolies toilettes.

 

On porte beaucoup de robes de linon et de batiste, les manches très longues descendant jusque sur les mains et le haut très froncé, où toute l'ampleur s'échappe en un bouffant volumineux.

 

La mode est d'avoir la taille fine, le dos bien ajusté, depuis l'épaule jusqu'au bas de la jupe qui, très longue, porte un grand empiècement ;

la traîne, balayant le sol, est parsemée de bandes de guipure.

 

Les cols se portent très hauts et très serrés.

Beaucoup de canotiers en guipure blanche, garnie de velours mais surtout des grands chapeaux.

Chapeaux de tulle, de paille, de guipure noire, avec des rubans ou feuillages et fleurs aux teintes les plus variées.

Chapeaux de satin noir, avec une immense aigrette du même ton.

Les jeunes filles ont la charlotte de dentelle blanche ou rose, nouée de velours noir.

 

La coiffure est haute ;

très tendus sur la nuque, les cheveux avancent sur le front, un peu ondulés.

Le peigne est parvenu, en 1900, à une époque d'apogée.

D'ivoire, d'écaille, de corne blonde ou brune, il emprunte aux fleurs et aux oiseaux, sa légère décoration ornementée de perles ou de nacre.

 

Les longues ombrelles accompagnent les fraîches toilettes estivales ;

elles sont en satin glacé ou en taffetas blanc, encadré d'une petite ruche en mousseline de sole.

 

Le « Tout-Brest » se donne rendez-vous à Kermor-Casino.

La vaste tente transformée en tonnelle, abrite tous les jours, pendant la belle saison, un essaim de jolies femmes aux fraîches toilettes, cependant que les bébés s'ébattent sous l'œil des parents.

 

Les cabines sont littéralement prises d'assaut.

Devant la petite plage, aménagée avec un soin particulier et au prix de travaux importants, le maître baigneur passe et repasse, tandis que dans la baie évoluent et se croisent les canots, les périssoires et les élégants voiliers de nos yachtmen brestois.

 

La grande salle et le palmarium, garnis d'arbustes, aérés par de larges baies donnant sur la mer, sont le rendez-vous des dilettantes qui veulent goûter le plaisir d'entendre le brillant orchestre symphonique du maître Guillermit.

 

Pour les joueurs, il y a les petits chevaux ;

pour les enfants, le gymnase ; pour les jeunes filles, le croquet.

Tous les jeudis, un bal d'enfants, conduit et dirigé par M. Muracciole, réunit un grand nombre de petits couples charmants.

 

L'entrée à Kermor est de dix centimes, gratuite pour les enfants.

Un service de tramways (0.10 par personne) est établi toutes les dix minutes entre la rue de Siam et le casino.

Une sonnerie électrique placée dans la salle de concert, annonce chaque fois l'arrivée du tram à la station de Kermor.

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C'est surtout le dimanche après-midi qu'il y a foule à Kermor-Casino.

La terrasse et les gradins offrent un joli parterre de jeunes femmes.

 

Perdues en des nuages vaporeux de tulles et de mousselines, elles sont là, les jolies Brestoises, aux toilettes voyantes, empruntées à toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.

Tout cela ondule, papillonne, pendant que l'orchestre joue le Beau Danube bleu ou l'inévitable Marche des petits Pierrots.

 

On aime alors venir se reposer à Kermor, y respirer l'air toujours pur de la mer et y contempler notre rade incomparable dont nos yeux ne se lassent jamais.

 

(À suivre)

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