1940
Brest en 1900
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Source : La Dépêche de Brest 5 décembre 1940
Deux événements importants marquèrent à Brest l'année 1900 :
Le séjour de l'année navale et l'inauguration du monument aux morts pour la patrie.
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Après une semaine de manœuvres, dans le golfe de Gascogne et au large de Lorient, les escadres du Nord et de la Méditerranée ont fait leur jonction, le 8 juillet, dans la baie de Douarnenez.
Le lendemain dimanche, l'armée navale appareille à 9 heures, sous les ordres du vice-amiral Gervais.
Les trains et les voitures ont amené depuis la veille et dans la matinée une quantité énorme de visiteurs et la foule est immense quand, vers, 11 h. 30, elle aperçoit, dans le lointain du goulet, des colonnes de fumée noire, puis des silhouettes qui se précisent, se rapprochent rapidement.
On assiste alors au magnifique spectacle de l'arrivée sur rade qui se déroule sous un soleil ardent.
L'armée navale s'est formée en trois colonnes, par escadres.
En tête, le cuirassé Bouvet, battant pavillon du vice-amiral Gervais.
À droite, les bâtiments de l'escadre du Nord :
Les cuirassés Masséna qui porte la marque du vice-amiral Ménard et a pour chef de pavillon, le commandant E. de Fauque de Jonquières ;
Formidable (contre-amiral Touchard) ;
Carnot, Amiral Boudin;
Amiral Duperré et Redoutable ;
les croiseurs-cuirassés Bruix et Dupuy-cle-Lôme ;
le croiseur de 3e classe d'Estrées ;
les contre-torpilleurs Cassini, Fleurus, La Hire, Durandal ;
les torpilleurs de haute mer Aquilon et Mangini.
À gauche, les navires de l'escadre de la Méditerranée :
Les cuirassés Brennus, arborant la marque du vice-amiral Fournier, chef de pavillon, commandant Boué de Lapeyrère ;
Charles-Martel (contre-amiral Roustan),
Charlemagne, Gaulois, Jauréguiberry ;
les croiseurs-cuirassés Pothuau (contre-amiral Maréchal), bâtiment historique, car c'est à son bord qu'a été proclamée à Cronstadt l'alliance franco-russe ;
Chanzy et La Touche-Tréville ;
les croiseurs de 2° classe Cassard, d'Assas, du Chayla ;
de 3e classe Lavoisier, Galilée, Linois ;
les contre-torpilleurs Dunois et Hallebarde ;
les torpilleurs de haute mer Chevalier, Cyclone, Flibustier et Forbin.
Au centre, la division des cuirassés garde-côtes, sous les ordres du contre-amiral Mallarmé :
Bouvines, Amiral Tréhouart, Jemmapes, Valmy ;
le croiseur la Foudre.
Les bâtiments se suivent à 400 mètres, creusant dans la mer un long sillon d'argent.
Les torpilleurs, formés en groupe, marchent en avant de l'armée en estafettes et vont s'amarrer au port de commerce.
À midi précis, l'amiral Gervais fait « envoyer » le signal de mouillage et au signal « halé bas », toutes les ancres mouillent à la fois, soulevant l'admiration des spectateurs.
Les troupes de la garnison, sous le commandement du général Chevallier, forment la haie sur le parcours que doit suivre l'amiralissime pour faire sa visite au vice-amiral Barrera, préfet maritime.
Les batteries et la 2e compagnie d'ouvriers d'artillerie de marine, les 2e, 6e d'infanterie de marine et 2e de garnison se placent au bas de la Grand'Rue ;
viennent ensuite le 18e bataillon d'artillerie à pied et le 19e de ligne, rue de la Mairie et rue de Siam.
L'amiral Gervais débarque à 3 h. 55 à la cale du pont Tréhouart, salué par une salve de 15 coups de canon, tirée de la batterie de la Pointe.
Il est reçu par le contre-amiral Le Borgne de Kérambosquer, major général, entouré de son état-major et du capitaine de frégate de Bon, mis à sa disposition pendant son séjour à Brest.
Une foule des plus compactes envahit les trottoirs.
Toutes les fenêtres sont garnies de curieux, beaucoup de maisons ont pavoisé aux 3 couleurs.
Sous le soleil, des plus radieux, le coup d'œil est très pittoresque.
L'amiral est salué sur son passage de nombreux cris de :
« Vive l'amiral Gervais ! Vive la Marine ».
Et le soir, Brest est en fête.
On danse et on chante partout.
La rue de Siam est sillonnée de braves marins, heureux d'avoir pu descendre à terre.
La foule se porte vers le cours Dajot d'où, à la faveur d'un clair de lune superbe, on peut apercevoir toute l'armée navale mouillée sur rade.
(À suivre).