1940
Brest en 1900
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Source : La Dépêche de Brest 7 décembre 1940
L'armée navale a quitté Brest pour se rendre à Cherbourg où elle est passée en revue par M. Loubet, président de la République et c'est à son retour qu'ont lieu les grandes fêtes données en l'honneur des escadres.
Le 26 juillet, il y a retraite aux flambeaux, avec les musiques du 19e de ligne, du 2e d'infanterie de marine, les tambours et clairons de la garnison et du 2e dépôt.
Une foule compacte s'échelonne sur tout le parcours et un immense flot humain accompagne, par un chœur imposant de marins et de civils, les joyeuses chansons de route de nos musiciens.
Les bâtiments officiels et de nombreuses maisons particulières sont brillamment illuminés.
Les bureaux de La Dépêche, le Café brestois, la Brasserie de la marine, les cafés de Paris et du Commerce étincellent sous l'éclat des rampes de gaz aux trois couleurs.
Le vendredi 27, le ministre de la Marine et Mme de Lanessan arrivent par le train de 9 h. 45 avec trente minutes de retard.
Le ministre est reçu à la gare par MM. Delobeau, sénateur ;
Collignon, préfet du Finistère ;
Isnard, député ;
le vice-amiral Barrera, préfet maritime ;
Verne, sous-préfet ;
Berger, maire et ses adjoints, MM. Rivière, Picot, Omnès ;
M. Marfille, président de la Chambre de commerce.
L'amiral Barrera offre son bras à Mme de Lanessan et le cortège se rend à la préfecture.
Les trottoirs sont envahis par la foule, les fenêtres sont noires de monde et ornées de drapeaux français et russes.
De toutes parts sont poussés de chaleureux vivats.
La réception des autorités eut lieu clans le salon jaune ;
puis, à midi, un déjeuner fut offert à bord du cuirassé Brennus portant la marque du vice-amiral Fournier, commandant l'escadre de la Méditerranée.
Le ministre visite ensuite l'arsenal, les cales de construction et félicite M. Vuillerme, ingénieur de 1ère classe, chargé de la construction du croiseur-cuirassé La Marseillaise, qui a été lancé le 14 juillet.
Le soir, un dîner à la préfecture maritime est offert par M. de Lanessan, aux autorités civiles et militaires.
La Dépêche avait exprimé le désir aux deux commandants d'escadre de faire bénéficier les Brestois du magnifique spectacle des illuminations qui avait ravi les habitants de Cherbourg, à l'occasion de la revue navale.
Les Parisiens disaient même qu'aucune fête de nuit de l'Exposition universelle ne pouvait être comparée à celle offerte aux Cherbourgeois par nos marins.
La requête de notre journal fut écoutée et, le soir du 28 juillet, eut lieu sur rade la plus belle harmonie de lumières et la plus éclatante fanfare de feux électriques.
Les escadres avaient fait magnifiquement les choses.
On admira :
le casque gigantesque du Brennus, le grand cygne de feu de l'Amiral Duperré, qui déployait ses ailes derrière la rade-abri, le coq du Gaulois, aux contours fantastiques, le kiosque chinois de l'Amiral Baudin, cette croix immense de la Légion d'honneur du Charles Martel, dont le ruban rouge mettait comme une tache de sang au milieu de l'étincellement d'or.
La compagnie des Vapeurs Brestois, qui avait organisé toute la journée, des sorties en rade, afin de permettre à nos concitoyens et à nos hôtes de voir de près les vaisseaux de guerre, fit ce soir-là une grande excursion, autour des bâtiments illuminés,
Que dire de l'animation en ville, jusqu'à plus de minuit ?
La foule était immense, les trains de Paris et de Quimper étaient arrivés bondés .
La Compagnie de l'Ouest avait d'ailleurs organisé un train de plaisir de Rennes, partant à 5 heures du matin, pour arriver à Brest à 10 h. 17.
Le retour avait lieu à minuit 30, pour rentrer à Rennes à 5 h. 50.
Le prix aller et retour était de dix francs en 3e cl. et 15 francs en 2e cl., avec tarif dégressif selon la distance.
(À suivre)