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1935

Contre les décrets-lois
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Les ouvriers de l'arsenal
interrompent leur travail

 

 

Source : La Dépêche de Brest 6 août 1935

 

C'était hier la paie dans l'arsenal.

Des retenues furent faites, en conformité avec les récents décrets-lois, sur les salaires des ouvriers.

Certains songèrent d'abord à refuser leur paie.

Mais ce moyen ne semblant pas efficace, à la fin de la matinée, un avis colporté de bouche à bouche, d'atelier à atelier, invitait les ouvriers à cesser le travail à la fin de l'après-midi pour manifester dans l'intérieur de l'arsenal.

 

Le service d'ordre fut renforcé, la police prévenue.

Mais, devançant l'heure primitivement prévue, les ouvriers de l'atelier des machines quittaient leurs étaux vers 14 heures et, avec la plupart des ouvriers travaillant au bassin du Salou à la construction du « Dunkerque », se formaient en cortège.

Suivant les quais de la rive droite, débauchant au passage dans les ateliers leurs camarades, le cortège se dirigea vers l'avant-port.

 

L'ordre fut donné d'ouvrir les ponts 3, 2 et 1 (Tréhouart et Gueydon) pour empêcher le cortège de gagner la rive gauche.

Mais des ouvriers se détachèrent du cortège et refermèrent les ponts pour permettre à leurs camarades travaillant aux réparations de bâtiments de venir se joindre à eux.

Les éléments flottants des ponts furent alors remorqués par la direction du port hors de portée des manifestants.

 

Deux drapeaux rouges, servant à signaler un passage dangereux, furent trouvés en cours de route et arborés en tête du cortège.

 

Au chant de l’« Internationale », entrecoupé de cris :

« Nos salaires ! Nos salaires ! À mort Laval ! » et des autres chants habituels :

« La Jeune garde », l’« Hymne au 17e », etc., le cortège arriva devant les subsistances de la marine.

 

Une partie des manifestants s'arrêtèrent près du tunnel, tandis que les autres, franchissant le tunnel conduisant à La Ninon, grossissaient, en passant, leur nombre des ouvriers du croiseur « La Galissonnière », rentré le matin au bassin, et se rendaient aux ateliers de l'aviation pour y débaucher leurs collègues.

 

Puis le cortège revint et se dispersa.

Il était alors 16 heures.

Chacun se rendit dans son vestiaire pour remplacer les vêtements de travail par ceux de ville et attendre la cloche.

La sortie s'effectua dans le plus grand calme.

 

Les gendarmes de la section maritime n'étant pas intervenus, aucun incident n'a été signalé au cours de la manifestation.

 

Le nombre des ouvriers qui ont manifesté n'a pas été précisé.

Les uns disent 1.500, d'autres 3.000.

Aucune note officielle n'a été communiquée à ce sujet.

​

La fraternisation des soldats du 17e et des Biterrois

sur les Allées Paul Riquet

 

« Hymne au 17e »,

 

Légitim’ était votre colère,

Le refus était un grand devoir.

On ne doit pas tuer ses père et mère,

Pour les grands qui sont au pouvoir.

Soldats, votre conscience est nette :

On n’se tue pas entre Français ;

Refusant d’rougir vos baïonnettes

Petit soldats, oui, vous avez bien fait !

 

Refrain

Salut, salut à vous,

Braves soldats du 17ème ;

Salut, braves pioupious,

Chacun vous admire et vous aime ;

Salut, salut à vous,

À votre geste magnifique ;

Vous auriez, en tirant sur nous,

Assassiné la République.

 

Comm’ les autres vous aimez la France,

J’en suis sûr même vous l’aimez bien.

Mais sous votre pantalon garance,

Vous êtes restés des citoyens.

La patrie, c’est d’abord sa mère,

Cell’ qui vous a donné le sein,

Et vaut mieux même aller aux galères,

Que d’accepter d’être son assassin.

 

Espérons qu’un jour viendra en France,

Où la paix, la concorde régnera.

Ayons tous au cœur cette espérance

Que bientôt ce grand jour viendra.

Vous avez j’té la premièr’ graine

Dans le sillon d’ l’Humanité.

La récolte sera prochaine,

Et ce jour-là, vous serez tous fêtés.

​

 

« La Jeune garde »

 

Paroles de la chanson La Jeune Garde par Chants révolutionnaires

Nous sommes la jeune garde

Nous sommes les gars de l’avenir

Élevés dans la souffrance,

Oui, nous saurons vaincre ou mourir.

Nous combattons pour la bonne cause,

Pour délivrer le genre humain

Tant pis si notre sang arrose

Les pavés sur notre chemin.

 

Refrain

Prenez garde ! Prenez garde !

Vous les sabreurs, les bourgeois, les gavés, et les curés

V’là la jeune garde ! V’là la jeune garde,

Qui descend sur le pavé.

 

C’est la lutte finale qui commence,

C’est la revanch’ de tous les meurt de faim

C’est la révolution qui s’avance,

Et qui sera victorieuse demain.

Prenez garde ! Prenez garde ! A la jeune garde !

 

Enfants de la misère,

De force nous sommes des révoltés

Nous vengerons nos pères

Que des brigands ont exploité.

Nous ne voulons plus de famine

A qui travaille, il faut du pain,

Demain nous prendrons les usines,

Nous sommes des hommes et non des chiens.

 

Nous n’ voulons plus de guerre

Car nous aimons l’humanité,

Tous les hommes sont nos frères

Nous clamons la fraternité,

La République universelle,

Tyrans et rois tous au tombeau !

Tant pis si la lutte est cruelle

Après la pluie le temps est beau.

 

Quelles que soient vos livrées,

Tendez-vous la main prolétaires.

Si vous fraternisez,

Vous serez maîtres de la terre.

Brisons le joug capitaliste,

Et bâtissons dans l’monde entier,

Les États-Unis Socialistes,

La seule patrie des opprimés.

 

Pour que le peuple bouge,

Nous descendrons sur les boulevards.

La jeune Garde Rouge

Fera trembler tous les richards !

Nous les enfants de Lénine

Par la faucille et le marteau

Et nous bâtirons sur vos ruines

Le communisme, ordre nouveau !

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