top of page


1935

Journées d'émeute à Brest
-
Mort de deux ouvriers

Article 3

 

 

Source : La Dépêche de Brest 9 août 1935

 

On ne s'était guère montré surpris de voir organiser les premières manifestations qui suivirent immédiatement l'application des décrets-lois.

Elles se déroulaient d'ailleurs dans le calme relatif de ces sortes de protestations.

 

Mais voici qu'un soir de surexcitation extrême, des exaltés croient devoir enflammer un camion-auto.

Et, à la sinistre lueur, on évoquait le pénible souvenir de certaine tragique journée parisienne, où l'on avait également vu flamber un autobus.

 

On devait, hélas ! voir encore utiliser le terrible fléau qu'est le feu.

Les herbes sèches des fortifications, de modestes édicules eurent à subir l'emprise des flammes.

 

Pis, lorsque les pompiers, gens éminemment pacifiques mais courageux, intervinrent pour limiter les dégâts, on les lapida.

 

Et puis, ce fut le bris des glaces des magasins, l'arrachement des bancs des promenades, l'attaque de la préfecture maritime, la mise à mal de plusieurs véhicules.

​

 

Devant ces débordements, le service d'ordre, intervenant, fut accueilli par une pluie de projectiles de toutes sortes.

On utilisait pour cela les débris de plaques de fonte arrachées aux trottoirs et brisées, ceux des balustrades en béton ceinturant les parcs de stationnement, des bouteilles, des briques, des pavés.

 

Nous avons déjà dit ce qu'ont été ces événements.

Mais, en dépit, de leur violence, ils n'apparaissaient encore que comme le fait de manifestants exacerbés.

 

Avant-hier, le mouvement — qu'il serait pourtant difficile de confondre avec les manifestations premières — allait prendre une autre tournure.

 

La nuit venue, après quelques échauffourées aux abords de la préfecture maritime et dans les quartiers du voisinage, des groupes de jeunes gens, tenus en respect place de la Liberté par le service d'ordre, entreprenaient délibérément de tout démolir.

 

Aux carrefours, les glaces publicitaires étaient crevées, tout comme, d'ailleurs, bon nombre de vitrines non protégées.

Au long de la rue Jean Jaurès, on se hissait aux lampadaires pour arracher les ampoules électriques et les briser.

Les grosses lampes axiales servaient de cibles aux lanceurs de pierres.

Ainsi, peu à peu, la rue se trouvait plongée dans l'obscurité.

​

 

Au passage, on s'arrêtait autour d’une borne-fontaine pour en briser le robinet.

 

Cette œuvre de destruction s'accomplissait méthodiquement, froidement.

Il ne pouvait plus être question d'invoquer là l'excitation collective d'une foule de manifestants.

Quelques tout jeunes gens se livraient, par simple plaisir, à cette triste besogne.

 

Ils atteignirent ainsi le Petit-Paris où, comme nous l'avons dit hier, ils brisèrent les nombreuses glaces du garage Citroën.

 

Un garde champêtre intervint ;

il tenta d'intimider les personnages en tirant quelques coups de revolver en l'air, mais ses efforts n'obtinrent pas grand résultat.

 

Est-il besoin de dire que de pareils faits ont soulevé la réprobation de la population et aussi celle de tous ceux qui, pour protester contre la diminution des salaires, n'entendent pas se transformer en vandales.

 

Hier, précisément, par son calme et par l'ordre dans lequel elle se déroula, la cérémonie d'inhumation de la victime des événements de mardi fut particulièrement impressionnante.

Rien ne pouvait plus émouvoir que le recueillement de cette foule immense suivant le convoi.

 

Cela, n'est-il pas vrai ? mériterait d'être retenu par tous.

​

 

Les obsèques de M. Joseph Baraer, ouvrier à l'arsenal, qui a trouvé la mort dans les tragiques circonstances que l'on connaît, ont eu lieu hier après-midi.

 

D'accord avec la famille, et pour éviter des incidents, la cérémonie religieuse, annoncée pour 15 heures, avait eu lieu, le matin, à 10 heures, dans la plus stricte intimité, au domicile du défunt, 10, rue Paul Doumer, en Saint-Marc.

 

Dans ce nouveau et paisible quartier du Guelmeur, on n'avait jamais vu pareille affluence et la rue Paul Doumer, où ne passent habituellement que de bien rares passants, était hier, dès 14 heures, le lieu de rassemblement d'une foule considérable.

Elle débordait dans les rues adjacentes.

​


La note dominante était le bleu des vêtements de travail des ouvriers de l'arsenal, tous venus assister aux obsèques de leur malheureux camarade.

 

Ceux de la Poudrerie du Moulin-Blanc, de la pyrotechnie de Saint-Nicolas, des délégations de toutes les organisations syndicales arrivent tour à tour.

 

Un modeste corbillard vient se placer devant la petite maison, précédée d'une grille et d'un jardinet.

 

Des opérateurs de cinéma, juchés sur le toit de leur auto, s'apprêtent à fixer sur la pellicule le départ émouvant de l'imposant cortège.

 

Le corps est placé sur le corbillard, recouvert d'un drap noir.

On y dépose une seule gerbe.

À l'arrière est suspendue une couronne de perles sur laquelle on lit :

« À notre père ».

 

Quatre ouvriers, vêtus de bleu de chauffe, tiennent les cordons du poêle.

 

Le triste cortège se met en marche.

​

 

Derrière le corbillard, portées chacune par deux hommes, voici les couronnes de fleurs rouges, barrées de larges rubans sur lesquels se lisent, en lettres d'or, les inscriptions suivantes :

Confédération générale du travail, Fédération nationale des travailleurs de l'État, Bourse du travail et Union départementale confédérée, Syndicat confédéré de l'arsenal, Cartel confédéré départemental des services publics, Syndicat de la Poudrerie du Moulin-Blanc.

 

Puis viennent, portées par des ouvriers, les gerbes offertes par les Syndicats unitaires et autres organisations locales.

 

La famille suit : la veuve, les cinq orphelins, deux garçons et trois filles ; les parents.

 

Puis, devant les milliers d'ouvriers :

MM. Masson, député ; Jaouen, maire ; Keraudy, adjoint, et plusieurs conseillers municipaux de Saint-Marc ; Marty Rollan, secrétaire adjoint de la C.G.T. ; Guiaser, membre du bureau de la Fédération générale des fonctionnaires, représentant le Comité central du Cartel confédéré des services publics ; Michaut, secrétaire général de la Fédération nationale confédérée des travailleurs de l'État ; Dasot, secrétaire de la Fédération unitaire des établissements de l'État ; Havez, secrétaire du Syndicat unitaire de l'arsenal ; Drapier, secrétaire du Cartel départemental des services publics ; l'agent technique et les ouvriers de la compagnie dont le défunt faisait partie, etc.

​

 

À Kerfautras

 

Par les rues du Guelmeur, de Verdun, de Saint-Marc, Kerfautras et Massillon, dont les trottoirs et les fenêtres des maisons sont garnis de curieux, l'imposant cortège, calme et digne, sans un cri, sans un chant, dans un silence impressionnant, pénètre dans le cimetière Kerfautras, où l'attend de nombreux curieux.

 

Au 3e rang du carré 21, dont le centre n'est encore qu'une pelouse verdoyante encadrée de tombeaux, la fosse est creusée.

Mais c'est devant la grande croix de l'allée centrale que le cercueil est placé.

 

Un seul discours est prononcé, par M. Berthelot qui, après avoir rappelé les circonstances tragiques dans lesquelles le camarade Baraer trouva la mort, affirme que la classe ouvrière brestoise n'oubliera jamais la détresse de sa famille.

 

« Elle devient, à partir d'aujourd'hui dit-il, la tutrice des petits et se substituera unanimement au disparu, qui était leur soutien. »

 

Après s'être incliné devant la dépouille mortelle de Baraer pour lui adresser un dernier adieu, il présente ses condoléances à sa veuve et à ses enfants, les assurant que tous ses camarades s'efforceraient de remplacer le mari et le père enlevé à leur affection.

 

C'est fini.

La foule s'écoule lentement.

Seule, la famille reste au cimetière, où elle assiste, en larmes, à l'inhumation.

​

 

Après l'inhumation

 

Rien n'apparaît des importantes troupes venues de toutes les régions participer au rétablissement de l'ordre.

Elles ont été massées dans les jardins bordant l'avenue Clemenceau.

 

Les ouvriers regagnent en silence leurs demeures.

 

Par ordre du préfet, tous les magasins, tous les cafés, tous les débits sont d'ailleurs fermés et la ville retrouve enfin le calme qui jamais n'aurait dû être troublé.

​

 

Hélas ! il nous faut revenir sur la soirée de mercredi à jeudi.

 

Alors que l'agitation semblait s'être apaisée, une bande de jeunes vandales,

parmi lesquels on a remarqué des gamins de 12 et 13 ans, ont cru devoir tout briser sur leur passage.

Des plaques de ciment recouvrant les câbles téléphoniques souterrains devant l'hôtel des Postes, bien peu ont résisté à leur folle destructive.

 

Les entourages en ciment armé du parc des autocars ont été mis en miettes ;

pas une lampe électrique ne subsiste de chaque côté de la rue Jean Jaurès ;

seules quelques lampes axiales n'ayant pu être atteintes par les jets de pierres, mal dirigés, ont résisté.

​

 

Le bris des glaces du garage Citroën

 

Les robinets des fontaines, eux-mêmes, ont été détruits et quand, au nombre d'une trentaine à peine, les mauvais garçons arrivèrent au garage Citroën, ils descendirent, à coups de pavés, toutes les grandes glaces des vitrines donnant sur la rue Anatole France.

 

Quelqu'un frappa aux volets de la maison du garde-champêtre du Pilier-Rouge.

Que vouliez-vous qu'il fît contre cette bande de fous furieux ?

 

Il sortit, tira trois coups de revolver en l'air.

— Il tire à blanc, dit un des énergumènes, ça n'a pas d'importance.

 

Et d'autres projectiles furent lancés dans les glaces, atteignant les voitures exposées.

 

Le garde-champêtre vida son chargeur, sans pouvoir arrêter les méfaits de cette bande de malfaiteurs, qui descendait vers l'octroi de la rue Jean Jaurès.

​

 

L' « Éco » l'a échappé belle

 

— À « l'Éco », dit l'un d'eux, nous allons f... le feu dans le dépôt d'essence.

 

Le préposé d'octroi l'entendit.

Il téléphona...

 

Par l'ancien couvent des Carmélites, les énergumènes, sautant les murs, avaient déjà pénétré dans la cour des établissements de l'« Éco ».

Ils entendirent à ce moment le bruit des sabots des chevaux arrivant au galop et, dans toutes les directions, prirent une fuite éperdue, sans avoir pu mettre à exécution leur diabolique projet.

​

 

Arrestations et condamnations

 

Dans cette soirée, une quarantaine d'arrestations avaient été opérées.

 

Traduits hier, à 16 heures, devant le tribunal correctionnel, présidé par M. Halléguen, après de sévères mais justes réquisitoires de M. Donnart, substitut du procureur de la République, les inculpés s'entendirent condamner :

 

Louis Le Breton, 38 ans, manœuvre, à 3 mois de prison et 5 francs d'amende pour avoir, rue de la Mairie, porté au brigadier de police Le Bot un coup de poing qui le blessa à l'œil.

 

Le mandat de dépôt décerné contre Paul Drogué, 21 ans, veuf et père de deux enfants, employé aux Pompes funèbres de la ville, est confirmé.

Il est accusé d'avoir bousculé et outragé des représentants de l'ordre.

Il sera défendu par Me de l'Hôpital.

 

Surpris par des agents, alors qu'ils brisaient des carreaux et des lampes électriques rue Jean Jaurès ou prenaient part aux manifestations, Jean Vaillant, 34 ans ;

Jean Roudaut, 27 ans ;

Philippe Derrien, 42 ans ;

Hervé Le Roux, 30 ans (domicilié au Havre et de passage à Brest) ont vu confirmer les mandats de dépôts décernés contre eux par M. le substitut du procureur de la. République.

 

Mandats de dépôt également confirmés contre :

Robert Tardin, 32 ans, en villégiature à Brest, trouvé en possession d'un coup de poing américain ;

Henri Boulin, 6, rue Louis Pasteur.

Ce dernier défendu par Me de l'Hôpital, prétend avoir été pris, malgré lui, dans la mêlée, alors qu'il regagnait paisiblement son domicile.

 

Goavec, dessinateur à l'arsenal, et Pierre Savin, sont reconduits au Bouguen, sous l'inculpation de violences et outrages à agents.

 

Jacques Le Drenn, ouvrier chaudronnier ;

René Burel, ouvrier à l'arsenal ;

René Guillou (ces deux derniers habitant Saint-Pierre-Quilbignon) ;

Jean Hamon, apprenti à l'arsenal ;

Stanislas Amiel, inculpés de violences à gardes, voient tous les mandats de dépôts décernés contre eux confirmés.

 

Amiel Stanilas, 35 ans, menuisier, 18, rue Louis Pasteur, a été condamné pour outrages et violences à 3 mois de prison avec sursis.

​

 

L'état des blessés en traitement à l'hôpital maritime reste stationnaire.

 

Au cours des bagarres d'avant-hier soir, Jean Floch, ouvrier auxiliaire, portant une plaie contuse au cuir chevelu, a été admis à l'hôpital maritime.

 

Un garde mobile, Julien Cariou, du peloton à cheval de Pontivy, pris d'un malaise, a été mis en observation à l'hôpital.

 

Succombant à la fatigue et à une longue station au soleil, le garde, sans connaissance, avait été étendu devant l'hôtel des Postes.

Deux dames lui avaient donné les premiers soins et avaient réussi à le ranimer.

Transporté dans l'ancien local de l'octroi, il a été transporté par l'auto ambulance à l'hôpital.

 

Quantité d'autres blessés légers sont soignés à leur domicile ou dans les casernes.

​

 

À l'hospice civil

 

Voici les noms des blessés qui, après avoir reçu des soins à l'hospice civil, ont pu regagner leur domicile ;

Jean Urien, manœuvre ;

Louis Péron, apprenti peintre, domicilié à Kérabécam, blessés à la tête ;

Jean Creff, habitant 4, rue de l'Égout, blessé à la tête et au bras ;

François Favé, manœuvre, 17, rue Neuve ;

Marcel Talarmin, 14, rue Marché Pouliquen, blessés à la tête ;

Jean Boulic, 28 ans, sans domicile fixe ;

René Lucas, manœuvre, 34, rue Jean Jaurès, contusion lombaire ;

Goulven Thoher, 21, rue Saint-Malo, blessure au bras gauche ;

Paul Beaugé, 21, rue d'Algésiras ;

Jean Cloarec, 15 ans, 10, rue d'Algésiras ;

François Stum, en villégiature à Brest ;

Joseph Jacob, 44, rue de la Fontaine ;

Henri Le Veale, 4, rue Monge ;

Jean Auffret, rue d'Algésiras ;

Jean Allègre, 32, rue Louis Pasteur ;

Maurice Orven, sans domicile fixe ;

Jean Le Doaré, 111, rue Jean Jaurès, blessés à la tête ;

Jean Bourget, manœuvre, 15, rue Bouillon, contusions à l'épaule gauche.

Atteint d'une fracture du crâne, Jean Le Deuffic, maçon, 31, rue de Verdun, a été admis salle Saint-Côme.

Son état est grave.

​

 

La journée avait été calme, mais, la nuit venue, des groupes se formaient place Anatole France.

Bientôt, des barrières de béton étaient arrachées autour des parcs de stationnement et brisées.

 

Et, comme la veille, les gardes qui stationnaient devant la poste étaient assaillis à coups de projectiles ainsi constitués.

 

Il fallut charger.

Les assaillants s'égaillèrent.

Certains s'en furent par la rue Louis Pasteur, d'autres par la rue Jean Jaurès.

 

Le service d'ordre avait été tout aussitôt mobilisé.

M. Larquet, prélet du Finistère, accompagné de M. Cathal, chef de cabinet, se rendit sur les lieux.

 

Avec M. Chalmel, commissaire central intérimaire, M. Balley, lieutenant-colonel, commandant la 11e légion de gendarmerie à Nantes ;

M. Le Page commissaire divisionnaire, organisaient le dégagement des rues où les manifestants témoignaient d'une fébrile activité.

​

 

Barricades

 

Rue Colbert, utilisant des matériaux qui servent à la réédification du nouveau garage, ils s'efforçaient de dresser une barricade.

 

Dans un même but, ils arrachaient des pavés rues Marcelin Berthelot, Louis Pasteur et Jules Michelet.

 

Là encore, les pelotons mobiles durent charger.

 

Vers le quartier Keravel des coups de feu éclatèrent.

Mais il n'apparaît pas encore que les balles firent des victimes.

 

Rue Coat-ar-Guéven, une autre barricade s'édifiait dans les mêmes conditions.

Là aussi, on dispersa les manifestants.

 

À la sous-préfecture, on arrêtait deux jeunes gens de quinze ans qui tentaient d'arracher le drapeau.

 

Plus, loin, M. Mérot, commissaire de police, arrêtait aussi un individu porteur de deux tiers-points.

​

 

Le poste de police de Recouvrance assiégé

 

Tout semblait s'être calmé, vers 10 h. 30, quand on apprit que le poste de police de Recouvrance était assiégé.

Les agents Le Dem et Cloître avaient été légèrement blessés par les projectiles de toutes sortes qu'on leur lançait.

 

Une arrestation était opérée par M. Carlo, commissaire de police.

 

Un peloton de gardes mobiles à cheval s'en vint dégager le poste et ses abords.

 

Cependant, d'autres pelotons de gardes, à pied et de gendarmes, battant les jardins de l'avenue Clemenceau, mettaient en fuite un certain nombre de perturbateurs qui s'y étaient réfugiés.

 

Au cours de ces échauffourées François Liard, 58 ans, demeurant rue Fautras, avait reçu, place Anatole France, un coup qui lui fit une plaie derrière l'oreille droite.

Il fut immédiatement soigné.

 

Un garde mobile, blessé au pied, rue Colbert, était conduit à l'hôpital maritime.

 

Vers minuit, le calme semblait revenu.

​

 

Au nom des organisations syndicales, M. Michaut, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs de l'État, membre du comité administratif de la C. G. T., avait prié les représentants de la presse de venir à, la Maison du peuple pour leur faire les déclarations suivantes :

 

Pour éviter toute équivoque, contrairement à de nombreux bruits colportés dans l'opinion publique, je tiens à vous déclarer que les représentants des organismes syndicaux n'ont rien fait pour que les manifestations de Brest sortent du caractère habituel laissé à la portée des ouvriers en cas de conflit.

 

Les incidents de mercredi soir ont été, croyons-nous, en grande partie causés par des jeunes gens n'appartenant ni de près, ni de loin, à nos organisations.

Quelques camarades de l'arsenal ou de l'industrie privée ont pu se laisser prendre aux agissements de ces excitateurs, qui n'avaient qu'un but :

Laisser croire que les ouvriers étaient partisans du désordre et de l'agitation violente dans la rue.

 

Hier matin, les représentants des organisations syndicales ont indiqué à M. le préfet que tous leurs efforts seraient tendus vers une journée calme, revêtant un caractère de deuil et de recueillement pour la population brestoise et des environs.

 

Le but recherché par ces organisations a été atteint, car ce fut une foule recueillie qui accompagna le camarade Baraer à sa dernière demeure.

 

C'est là une démonstration de discipliné qui fait honneur aux ouvriers.

 

En ce qui concerne la reprise du travail, les organisations syndicales unitaires et confédérées ont demandé à tous les ouvriers que celle-ci soit effective aujourd'hui vendredi, et dans le plus grand calme.

 

Il reste entendu que les ouvriers seront appelés à joindre leurs protestations contre les décrets-lois à celle qui sera demandée à l'ensemble des travailleurs du pays.

Les organisations syndicales et le personnel de l'arsenal, a ajouté M. Michaut, sont reconnaissants à la population brestoise et en particulier aux commerçants, qui se sont associés au deuil qu'éprouve les ouvriers par la disparition de leur camarade Baraer.

​

On nous communique :

 

Les ouvriers des arsenaux de la marine ont été unanimes à protester contre la brutale application des décrets-lois qui frappent, durement et pour la seconde fois cette année, leurs modestes salaires.

 

La Fédération professionnelle de la marine est intervenue pour sa part, à diverses reprises, afin d'atténuer, sinon d'écarter leur pénible répercussion sur le budget des familles ouvrières.

 

Devant la forme violente prise par les événements, le Syndicat professionnel recommande à tous le calme et la modération nécessaires à la conclusion du conflit.

 

Notre Fédération n'entend poursuivre que par les moyens légaux son action professionnelle près des pouvoirs publics.

​

bottom of page